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Analyse des attitudes psychosociologiques liées aux situations sonores
des riverains des aéroports d'Orly et de Roissy-CdG
Recherche pour la DGAC, novembre 2000
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Sommaire
Résumé
1
‑
Conclusions
1.1 Les sources de gêne dans l'environnement et les dix
sites
d'enquête
1.2 Le bruit des avions la gêne acoustique, ou
objectivée
1.3 Le bruit des avions la gêne sémantique, ou
subjective
1.4 L'incidence des attitudes des riverains des aéroports envers
l'aviation en
général
1.5 Une typologie des attitudes des riverains des aéroports envers le
bruit des
avions
1.6 Propositions concernant le questionnaire pour un
sondage
1.7 Conclusions
générales
2
‑ Objectifs, méthode, déroulement,
hypothèses
2.1 Les objectifs de cette étude et les dix sites
retenus
2.2 Méthode utilisée pour la collecte des
données
2.3 Déroulement de cette étude et limitation imposée par « le terrain
»
2.4 Hypothèses a
priori
3 ‑ La structure de l'échantillon et l'incidence des variables sociologiques
3.1
La structure de
l'échantillon
3.2 Le sexe et
l'âge
3.3 Le nombre
d'enfants
3.4 La
profession
3.5 Les
revenus
3.6 Le type et la taille de
l'habitat
3.7 Le site
d'enquête
3.8 Les résidences
secondaires
3.9 L'attitude envers le changement
social
3.10 L'indicateur de bien‑être potentiel « BEP » (cf. Annexe
5.4)
4
‑ Les attitudes des trente interviewés selon les dix
sites
4.1
Bullion
4.2 Villeneuve St
Georges
4.3
Gonesse
4.4
Goussainville
4.5
Iverny
4.6 St
Mard
4.7
Montmorency
4.8
Sannois
4.9 Le Mesnil
Amelot
4.10 Le Mesnil
Aubry
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Résumé
La
sensibilité accrue des riverains d'aéroports aux problèmes
d'environnement et plus particulièrement de nuisances sonores rend
nécessaire de préciser les comportements des riverains des aéroports
vis à vis du bruit et de mieux appréhender les aspects subjectifs de la
gêne due au bruit des avions.
L'objet de cette étude est
de décrire et d'analyser les attitudes psychosociologiques des
riverains d'Orly et de Roissy soumis à différents niveaux de bruit
d'origine aéronautique, afin de
1. en déduire une typologie ;
2. formuler des propositions de questions pour un futur sondage sur le même sujet.
Pour
ce faire, nous avons mené 30 entretiens explorant les divers champs
psychosociologiques nécessaires au diagnostic de gêne auprès d'un
échantillon de riverains repartis sur dix sites autour des aéroports
d'Orly et de Roissy. Les dix sites retenus par la DGAC pour cette étude
étaient :
- près d'Orly : Bullion (à l'Ouest, dans la Vallée de Chevreuse), et Villeneuve St Georges (à l'Est des pistes) ;
- près de Roissy‑CdG : Gonesse; Goussainville; Le Mesnil Amelot ; Le Mesnil Aubry Montmorency ; Sannois ; St Mard ; Iverny.
La
gêne des riverains des aéroports est bien réellement acoustique et
intrusive pour les uns, davantage sémantique et psychologique pour
d'autres, mais elle existe chez tous. Malgré le fait que les personnes
les plus atteintes par ces nuisances n'ont pas voulu participer à
l'enquête (à laquelle ont surtout participé des personnes présentant un
« indicateur de bien être potentiel » positif ou moyen), les
nuisances aéronautiques sont perçues chez 17 interviewés sur 30 comme
étant leur « problème ». Perçue ou non, parlée ou non, cette
gêne a certainement des effets réels, physiques, psychiques et sociaux.
Ces riverains se laissent classer selon une typologie en 6 groupes selon leur attitude psychosociologique.
Pour le questionnaire du futur sondage, nous avons proposé de renforcer
le nombre de variables d’analyse afin de contextualiser davantage les
données obtenues par les nombreuses questions déjà prévues, et surtout
de le compléter par une version allégée de notre indicateur de
« bien être potentiel », I'IQV (indicateur de qualité de
vie), ne nécessitant pas de diagnostics à tendance clinique. |
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1 ‑ Conclusions
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1.1 Les sources de gêne dans l'environnement et les dix sites d'enquête (cf tableau §5.1)
Les
réponses aux questions Al à A7 du guide d'entretien (cf. Annexes §
5.2), commençant par « qu'est ce qui est important pour
vous ? » et explorant ensuite l'ensemble des problèmes
d'environnement tels qu'ils sont énumérés par les interviewes nous a
permis d'établir trois degrés de préoccupations chez eux. Les nuisances
aéronautiques (le bruit des avions et « le kérosène »)
dominent comme « problème n°1 » chez 17 interviewés sur 30,
suivies par « la sécurité », le manque de civisme, les
dégradations, l'exclusion sociale ou urbaine, qui totalisent 8 cas sur
30 ; viennent ensuite « le bruit en général » (avions,
voitures, trains, voisins, etc.), le bruit des camions, et celui des
mobylettes : cette catégorie, vécue localement comme plus bruyante que
les avions, totalise 4 cas. Enfin, Mme Bu104, personne assez originale
comme on pourra le lire dans les résumés des entretiens (cf. § 4.1)
déclare que la qualité de l'eau est le véritable problème chez elle...
A noter que « le kérosène », la mauvaise qualité de l'air ne
sont avancés comme « problème n°1 » que dans deux cas, l'un
est un cas d'asthme, l'autre est celui d'un grand amateur de vie au
grand air.
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Cette
plainte concernant la mauvaise qualité de l'air devient cependant
importante en tant que « problème n'2 » : 6 cas sur 30,
à égalité avec le bruit des avions qui est choisi en second lieu par 4
des personnes qui donnent la première place au civisme, et assez
logiquement par les 2 qui font passer en premier la qualité de l'air.
Ces deux catégories sont légèrement devancées par les 10 personnes qui
citent diverses sources de gêne sonore autres que les avions (la
circulation, les voisins, les jeunes, les chiens, et le bruit en
général). On trouve en fin de classement le manque de civisme, la
qualité de l'eau, et trois plaintes plus originales :
l'urbanisation, l'ennui, la qualité de la vie...
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En troisième position on trouve en tant que « problème n'3 » ex aequo 6
sources sonores diverses (les camions, les tracteurs, les trains, les
travaux, la circulation, les voisins), puis 6 items concernant la
sécurité, la propreté et le manque de civisme, enfin 6 personnes qui
mentionnent la qualité de l'eau. La qualité de l'air (en relation avec
les avions) n'est plus mentionnée que 3 fois, le bruit des avions ne
l'est plus que 2 fois. Les plaintes originales augmentent : la
politique de l'environnement, l'absence d'animation, les charges
foncières, le projet de nouvel aéroport, la santé... Et, même,
« rien », car deux personnes n'ont pas été capables
d'imaginer trois problèmes importants dans leur existence, elles n'en
ont trouvé que deux.
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Concernant
les dix sites d'enquête, la compilation des seules plaintes
« aéronautiques » (avec une pondération pour les trois
niveaux déjà évoqués) donne un classement par ordre de gêne
décroissante tout à fait étonnant :
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1° : St Mard (à 13 km à l'Est de Roissy‑en‑France)
2° : Le Mesnil Aubry (à 10 km au Nord‑ouest de Roissy‑en‑France)
3° Iverny (à 19 km à l'Est de Roissy‑en‑France) ;
4° Goussainville (à 4 km au Nord‑ouest de Roissy‑en‑France) ;
5° Le Mesnil Amelot (à 5 km de Roissy‑en‑France à l'Est) ;
6° Villeneuve St Georges (à 7 km à l'Est de l'aérogare d'Orly) ;
7° Sannois (à 20 km à L'Ouest de Roissy‑en‑France) ;
8° Montmorency (à 16 km à L'Ouest de Roissy‑en‑France) ;
9° Gonesse (à 6 km à L'Ouest de Roissy‑en‑France) ;
10° : Bullion (à 30 km à l'Ouest de l'aérogare d'Orly).
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Il
s'agit donc ici d'un classement purement subjectif, selon les plaintes
exprimées le plus spontanément par les 30 interviewés au début de
l'entretien (bien avant la passation du volet de questions spécifiques
à l'aviation). Notre étonnement quant à ce classement provient d'une
part de l'indépendance apparemment totale entre la gêne subjective et
l'éloignement des pistes (sans doute imputable aux trajectoires réelles
des avions), et d'autre part de notre propre expérience sur place lors
des enquêtes. Nous avons donc procédé à notre propre classement
subjectif, en consultant nos notes de terrain, et la comparaison donne
le tableau suivant :
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Comparaison des classements subjectifs des 10 sites par les interviewés et par l'enquêteur
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fort bruit d'avions : |
moyen bruit d'avions |
faible bruit d'avions : |
selon la subjectivité des personnes interviewées |
St Mard, Le Mesnil Aubry, Iverny, Goussainville |
Le Mesnil Amelot, Villeneuve St Georges, Sannois |
Montmorency, Gonesse, Bullion |
selon la subjectivité de l'enquêteur |
Villeneuve St Georges, Goussainville, Le Mesnil Amelot |
Gonesse, Le Mesnil Aubry, Montmorency |
Iverny, Bullion, Sannois, St Mard |
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Il
est clair, aussi approximative que puisse être cette comparaison, que
les gens qui vivent sur place toute l'année ont une toute autre
expérience dans la durée, et partant, d'autres attitudes qu'un
visiteur, même motivé. Le § 4, où nous passons en revue les propos les
plus importants de chaque interviewé selon les dix sites d'enquête,
montre toute la diversité de ces attitudes individuelles en réponse à
l'environnement, diversité où réside en définitive, à notre sens,
l'explication de ces différences flagrantes.
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1.2 Le bruit des avions : la gêne acoustique, ou objectivée
Face
à la pollution sonore, certaines personnes ne veulent rien entendre des
avions, et ne perçoivent pas, par exemple de différences de bruit entre
les avions depuis vingt ans ; tandis que d'autres sont plus
nuancées et, pour certaines d'entre elles font preuve même d'une
véritable écoute musicale du paysage sonore de l'aviation ! Entre
ces deux extrêmes, tous les échelons semblent présents chez nos
interviewés.
Les différences entre le bruit des atterrissages et des décollages :
Les personnes interrogées semblent d'accord sur le fait que
les décollages sont plus bruyants que les atterrissages, et même
l'interviewée la plus inconditionnelle du monde de l'aviation, Mme.
LMAm0l, qui prétend que les Mobylettes sont bien pires que les avions,
finira par dire que « les décollages sont vraiment gênants ».
Mais 3 d'entre elles sont davantage gênées par les atterrissages ;
cela n'est pas lié aux sites (mis à part l'éloignement de Sannois, où
il se pourrait bien que seuls les survols, et non plus les mouvements
aux abords des pistes, soient perceptibles).
- plus grande gêne au décollage :
Bullion02 : (au décollage, vers l’Ouest, de gros porteurs passent
parfois à 100m. Exceptionnellement il sort voir les plus bruyants, « en fulminant ») ; Bullion03 : « ils décollent exactement sur Bullion », VSG01 /02 : « c'est plus long », « ils passent au dessus de la maison », Gon01 : « Quand le Concorde décolle, on l'entend ! », Gouss01 : (S'ils passent très bas, ils empêchent de suivre une conversation dans son pavillon), Iv02 : « le dimanche on les entend même en continu, c'est ce qui dérange le plus », Iv03, SM03 : Les décollages « on les entend depuis la salle à manger », Montm03 : les différences sont « flagrantes », LMAm01, LMAm02 : (le plus gênant ce sont les pics de décollages vers 10, 11 heures jusqu'à 15 heures et le soir à partir
de 22 heures jusqu'à une heure du matin), LMAub01 : (Selon le vent
ils passent très bas au‑dessus de chez elle au décollage, elle n'entend
jamais d'atterrissage), LMAub02 : (les pilotes ‑ croit‑il ‑
utilisent son pavillon à lui comme balise pour tenir leur cap lorsqu'ils décollent : ils passent tous au‑dessus de chez lui !)
- plus grande gêne à l'atterrissage : Bull01 : (l'atterrissage par vent d'Est comme étant une gêne certains jours), Gon02 : « c'est quand il descend qu'on l'entend vraiment beaucoup » ; Gon03, Montm02.
- pas de différence : Gon04, SM01, San01, San02
La perception de changements techniques (moteurs) : Cette
perception n'est pas l'apanage des seuls mécanos avisés tel M.
Bull0l ; Mme VSG04, par exemple est tout à fait sensible aux
motorisations :
Bull01 : « les moteurs sont plus puissants, et tournent plus lentement », Bull03 : (ils sont aujourd'hui moins bruyants, cela est dû au progrès des moteurs.) VSG01/02 : « il est devenu possible de suivre une conversation dans la rue, les moteurs ont changé », VSG04 : « les moteurs ont fait beaucoup de progrès », Montm03 : (La solution selon lui est dans la technologie des réacteurs.)
La perception de différences entre les avions : Beaucoup
de personnes perçoivent une différence entre les avions actuels et ceux
d'autrefois, mis à part le Concorde que tout le monde connaît sauf Mme.
Montm01. La Caravelle a laissé un souvenir tenace. Ils distinguent
assez fréquemment entre les différents avions actuels (Les Airbus, plus
discrets, et « les autres »). Certaines personnes, cependant,
tiennent à marquer leur distance par rapport à ces distinguos, et
prétendent ne percevoir « aucune différence ».
- perçoivent les différences : Bull03 : (on n'est plus au temps des Caravelles), VSG01/02 : « les avions sont plus silencieux, on ne peut pas les comparer à il y a une quinzaine d'années », VSG03 :
(les Airbus ont apporté une légère amélioration au plan du bruit),
VSG04 : (les avions à hélice ne l'avaient jamais gênée : la
gêne, ce sont davantage les réacteurs que l'accroissement du trafic
aérien), LMAm02 : « Le bruit des avions a changé, la Caravelle a disparu, elle mettait longtemps à passer », LMAub02 (Le bruit des avions à changé pour certains modèles, il reconnaît les Airbus.)
- ne perçoivent aucune différence : Montm01 :
(Elle ne voit aucune différence entre les avions, même entre le
Concorde et les autres). LMAm01 : (Elle ne connaît pas la
différence des bruits entre les différents avions, chose qu'elle a
délégué à son mari.)
La perception de changements dans le bruit au fil des ans : Il
y a une belle unanimité pour dire que le bruit augmente, ainsi que le
trafic aérien. Seuls ou presque, le couple d'interviewés VSG01/02
remarque une diminution du trafic sur Orly...
- augmentation du bruit : VSG03, VSG04, Gon0l : (le bruit a beaucoup augmenté : le nombre de vois s'accroît en permanence), Gon03 :
(dans son enfance on n'avait à Gonesse que le bruit des avions du
Bourget : c'est avec Roissy que les choses se sont nettement
aggravées), Gouss02 : « En 1984 il y avait beaucoup moins de bruit que maintenant, c'est devenu dramatique 1 », SM01, SM02 : « Les avions semblent, ces derniers temps, avoir décidé de survoler précisément notre pavillon », San01 :
(Le bruit des avions a changé, elle a l'impression qu'il y en avait
moins autrefois, ou bien qu'ils passaient ailleurs.)
- diminution du bruit : VSG01/02 :
(Les avions ont selon eux diminué en nombre depuis l'ouverture de la
dernière piste de Roissy, il y a cinq ou six ans), Gon03 :
« le bruit des avions a diminué : les hélices étaient plus bruyantes, elles avaient une autre sonorité ».
- pas de changement : Montm01 : « leur bruit n'a pas sensiblement changé »
La perception acoustique fine : Enfin,
une minorité de personnes se montre nuancée dans l'écoute du bruit,
certains allant jusqu'à parler de la « musicalité » des sons
techniques...
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BuIl01 « Leur bruit est moins aigu, moins sifflant que sur les appareils du passé », BuII03 :
(Les avions produisent un grondement quasi permanent, mais pas gênant),
VSGO4 : (elle a vécu autrefois dans une commune voisine survolée
par les avions, où les avions à hélice ne l'avaient jamais gênée :
la gêne, ce sont davantage les réacteurs que l'accroissement du trafic
aérien), Gon03 : « le bruit des avions a diminué : les hélices étaient plus bruyantes, elles avaient une autre sonorité », Gouss02 : Le bruit des avions a changé, mais en mal : « il est plus fort, il est plus lourd, plus grave, il dure plus longtemps » ;
LMAm01 : (La gêne dépend de la musicalité des bruits : le son
des cloches est supportable, les autobus de la déviation actuellement
devant chez elle ne le sont pas).
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1.3 Le bruit des avions : la gêne sémantique, ou subjective
Nous regroupons ici les attitudes des personnes interviewées non plus
selon les bruits qu'elles perçoivent, mais selon les représentations
mentales que ces percepts mettent en œuvre.
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La relativisation de la gêne :
Une façon de se défendre contre l'agression sonore c'est de relativiser
son désagrément par rapport à ceux qui souffrent bien davantage,
souvent des parents proches : ailleurs, l'on est encore bien plus
mal loti que chez eux...
Une variante de cette attitude consiste à puiser dans son expérience
propre, quand l'on a habité un endroit encore plus bruyant (cas de M.
Bull02).
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- « ailleurs, les gens sont plus malheureux » : Bull01 (plaint les riverains d'Orly), Bul02 : (son cousin de Brie Comte Robert, lui, vit l'enfer entre la Francilienne, Roissy et le TGV.. ), Gon02 : (Le
bruit des avions lui paraît relativement supportable à Gonesse, si elle
le compare à celui que supporte sa cousine à Goussainville), Montm03 : (il pense
que le bruit des avions à une influence sur la santé, notamment
« les états dépressifs à Goussainville » et sur les écoliers
de son établissement à Gonesse, où « les conditions sont
terribles »), San01 : (Lorsque le Concorde passe, elle pense à sa fille qui habite exactement sous sa trajectoire), MontM03 : (Le Concorde passe assez haut chez lui, mais il sait qu'à Gonesse il est terriblement bruyant.)
- « nous avons connu pire ailleurs nous-mêmes » : Bull02 : (Auparavant ils
étaient riverains à Chaville d'une ligne à quatre voies de la SNCF,
avec à certaines heures un train toutes les deux minutes.)
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La perception de mutations sociales à cause des nuisances :
Le bruit des avions, considéré sur plusieurs décennies, finit par se
révéler comme un facteur social néfaste pour certaines communes, qui
voient fuir les jeunes, les activités et les emplois, et affluer des
« populations à problèmes » : à Villeneuve Saint
Georges, tous les interviewés l'ont dit, chacun à sa manière (mais à
cause précisément de la débâcle locale, nous n'y avons été reçu que par
des personnes surinformées militantes parfois).
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VSG01 /02 : (Villeneuve Saint-Georges
a beaucoup changé, les enfants ont tendance à partir, et ils tient ce
fait à l'insécurité et l'appauvrissement de la ville. lis sont moins
satisfaits de Villeneuve Saint Georges qu'autrefois ; il y a trop
de cambriolages. La police ne fait rien. Autrefois « La
Passerelle », ou ils habitent, c'était le quartier résidentiel,
« il arrivait qu'on parte en vacances en laissant les portes
ouvertes ») ; VSG03 : (Le bruit des avions
finit par susciter localement une mutation sociale, de plus en plus de
gens quittent la région, et ils tendent à être remplacés « par des
populations à problèmes ». L'immobilier perd de sa valeur, un très
grand nombre de pavillons sont en vente, mais la réputation de
Villeneuve Saint-Georges (avions, bouchons, bruit, pollution) provoque
une chute de l'ordre de 20%. A part les avions, et en dehors de toute
considération politique, précise‑t‑il, ce qui pose problème à
Villeneuve Saint-Georges ce sont des bandes de jeunes qui parfois font
du bruit une partie de la nuit durant) ; VSG04 : (Le bruit
des avions est un gros handicap pour Villeneuve Saint-Georges
« parce que les gens n'ont plus pu faire construire, on avait le
droit d'acheter et de modifier du vieux mais plus de construire du
nouveau, donc les gens sont partis plus loin. Mais petit à petit ils
ont été remplacés par des populations, disons, plus difficiles ».
« Villeneuve Saint-Georges était autrefois une ville très
commerçante, très vivante, maintenant deux commerces sur trois sont
fermés. Nous avons eu tous les inconvénients et aucun avantage, les
avions ne nous ont rien apporté », contrairement à Villeneuve le
Roi, plus nuisancé, et qu'ADP selon elle « a donc muni de grosses
ressources ». Villeneuve Saint-Georges est devenu une commune
pauvre avec une population à problèmes, et des impôts très élevés
compte tenu de l'environnement très médiocre).
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La perception de l'existence.de procédures anti‑bruit :
Relativement peu de gens nous ont parlé des procédures d'envol
anti-bruit, angles plus raides au décollage, etc., mais parmi ceux qui
les mentionnent, certains ne le font que pour préciser qu'elles ne
seraient pas respectées. Le plus souvent, le non-respect supposé de ces
procédures est attribué « aux pilotes », dans une belle
ignorance du rôle des contrôleurs aériens généralement à l'origine des
survols insolites quand ils déroutent occasionnellement un vol.
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- les procédures sont respectées : VSG04 : (Elle apprécie depuis peu l'angle accru au décollage pour diminuer le bruit…), Gouss02 : « les avions
qui décollent très très haut ne posent pas de problème. Ceux d’Air
France sont beaucoup plus lourds, ils ont plus de mai à
décoller », Iv01 (la gêne n'est pas tant liée à la quantité d'avions qu'à certains survols à basse altitude), SM03 « l’A320, il décolle avec un angle beaucoup plus raide, on les entend beaucoup moins. »
- les procédures ne sont pas respectées : Mont02 : (il reçoit le bruit des avions de plein fouet, et se demande s'ils respectent bien les hauteurs de survol réglementaire), San02 : (Il n'est pas certain que les avions respectent les plans de vol, les altitudes etc.), SM02 : (Le Concorde,
par exemple, quand il garde sa route normale ne pose aucun problème,
« mais quand il me survole ça fait gling gling dans la vitrine et
ça vibre longtemps »).
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L'utilisation de la résidence secondaire pour décompresser
Beaucoup de personnes qui ont la possibilité de partir au vert se
reposer les tympans et les nerfs, ne mentionnent pas cette pratique en
relation directe avec le bruit des avions. Dans 7 cas, par contre, elle
remplit un rôle suffisamment important pour que les personnes s'en
soient rappelées :
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VSG04 : (Son pied
à terre à Trouville lui sert heureusement pour y retrouver le calme,
« je me vidais la tête complètement ».), Iv01 : (Il
pourrait échapper aux avions en se mettant aux vert chez ses parents
dans le Nord, mais il précise que le bruit n'est pas si gênant qu'ils
doivent en arriver là), SM02 : (lis retournent souvent chez sa sœur, ou ses beaux-parents~ dans la banlieue lyonnaise où ils n'entendent plus d'avions), Montm02 : (son vrai terroir est dans sa Corrèze natale), San01 : (lis partent
le plus souvent possible dans leur maison de campagne « pour
décompresser de la vie urbaine », mais la base d’Évreux en est
proche), San02 : (Il ne fréquente plus la maison de campagne de ses parents~ qu'il laisse désormais à ses frères), LMAm02 : (Une fois
par mois ils vont du côté de Péronne, dans la maison de ses
beaux-parents~ pour se déstresser car ils n'ont pas de bruit d'avions.
À la campagne, il n'a jamais entendu des bruits agricoles).
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L'adhésion personnelle à la cause de l'aviation :
Dans 5 cas, la sympathie assez courante envers l'aviation se traduit
par un engagement plus poussé, mais cela n'empêche pas 4 de ces 5
personnes de considérer que le transport aérien est le « problème
n°1 » chez eux au plan sonore :
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VSG04 : (Elle se
souvient du temps où elle avait commencé à voyager en avion avec son
mari, « j'adorais me sentir décoller, cette poussée » ;
elle a remarqué qu'à leur retour elle tolérait beaucoup mieux le bruit
des avions à Villeneuve Saint-Georges. Elle a dit à ce sujet à son mari
que, pour diminuer les plaintes, les gens de l'aviation
« devraient offrir à tous les riverains au moins un voyage par
an »), Gon01 : (Elle aime bien voir les avions,
elle va au salon du Bourget, « les voir faire des loopings, des
figures. C'est la technique, c'est le modernisme, c'est beau
quoi. » Elle connaît St Ex, Hélène Boucher...), Gon02 : (Le couple
prend l'avion tous les ans au moins pour se rendre à Conakry, l'avion
est le cordon ombilical qui les relie à leurs origines et leur permet
de supporter une vie difficile en France), San01 : (Les aéroclubs,
les avions à hélice, les hélicoptères ne les dérangent qu'à la
campagne, près d'Évreux : « nous avons de tout, même des ULM,
et puis les préparatifs du défilé aérien du 14 juillet ! »
Elle préfère finalement ne pas apprendre à piloter car elle aurait trop
peur des lignes à haute tension en volant à basse altitude...), LMAub02 : (Dans son
enfance, il a connu Villeneuve-Saint-Georges vers 1950 et n'a pas gardé
de ‑souvenir des avions. L'aviation est une des grandes épopées de
notre époque ; son père était un ami de l'as de la chasse
Clostermann.)
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La crainte de l'accident :
La
possibilité d'un accident d'aviation sur le lieu où l'on habite semble
donner lieu à une angoisse assez diffuse, qui ne s'exprime consciemment
que sur le lieu de l'accident le plus tristement célèbre, celui du
Tupolev tombé à Goussainville il y a trente ans, lieu où cet accident
fait partie de l'histoire vécue par la communauté des résidents, sur
des modes différents : |
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La crainte de l'accident :
La possibilité d'un accident d'aviation sur le lieu où l'on habite
semble donner lieu à une angoisse assez diffuse, qui ne s'exprime
consciemment que sur le lieu de l'accident le plus tristement célèbre,
celui du Tupolev tombé à Goussainville il y a trente ans, lieu où cet
accident fait partie de l'histoire vécue par la communauté des
résidents, sur des modes différents :
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Gon01 :
(Elle se souvient de l'accident du Tupolev sur le Tillay, qui est
rattaché à Goussainville. Elle même n'a pas peur, mais dans le quartier
il y a beaucoup de gens qui craignent un nouvel accident)o,
Gouss01 : (La peur des accidents est restée vivace dans ce
quartier, où l'on connaît par cœur leur liste complète depuis la chute
du Tupolev), Gouss02 : (le souvenir marquant de son enfance au
Tillay c'est l'accident du Tupolev, qui a coupé en deux la maison en
face de chez elle... Un vieux voisin garde la mémoire de tous les
accidents aériens depuis l'avant guerre), LMAm02 : (le
« problème n'3 », la crainte des chutes d'avions.)
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Les significations particulières :
Enfin, un certain nombre de représentations inclassables appartiennent
uniquement aux individus, dont on peut admirer au passage la capacité
d'élaboration de significations associatives complexes :
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Gon01 : (Ce qui
la dérange le plus, c'est qu'ils passent toutes les 30 secondes
exactement sur le cimetière de Gonesse, où est enterré son mari
récemment décédé, et, concernant les vivants, elle dit :
« l'hôpital à côté, qu'est ce qu'il doit prendre ! »), Gon02 : (Le couple
prend l'avion tous les ans au moins pour se rendre à Conakry, l’avion
est le cordon ombilical qui les relie à leurs origines et leur permet
de supporter une vie difficile en France), Gon04 : (même les phares d'atterrissage les dérangent (surtout l'enfant), Gouss02 : (Le bruit
des chiens, le leur et ceux des voisins, est un bruit relativement
positif puisqu'il signifie que le quartier est bien surveillé malgré le
bruit des avions qui peut fournir un écran acoustique à celui des
agressions et de l'insécurité), LMAm01 : (Concernant le
bruit des avions elle dira tout d'abord « que ça ne la dérange
pas », surtout les essais de moteurs qui signifient pour elle que
son mari mécano à Air France fait son travail), LMAub02 : (Non seulement
il les voit de chez lui, mais il pense même que les pilotes utilisent
son pavillon comme balise pour tenir leur cap lorsqu'ils
décollent : ils passent tous au-dessus de chez lui !).
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1.4 Les attitudes des riverains des aéroports envers l'aviation en général
Le degré de gêne ressenti par les personnes interviewées est-il en
relation avec leur attitude générale envers l'aviation ? Une
hypothèse de bon sens voudrait que les personnes qui aiment l'aventure
technique et humaine de l'aviation, dont on vient de fêter le
centenaire, supportent mieux le bruit des avions (voire parfois même
l'apprécient). Il s'avère que ce n'est pas aussi simple, ni aussi
évident, car des 16 personnes sur 30 qui adorent l'aviation, son
histoire et ses héros légendaires, 8 se disent souvent gênées, voire
très gênées, par le bruit des avions, y compris les 5 qui adhèrent
personnellement sur un mode plus historique à la cause de l'aviation
(elles auraient aimé piloter, etc.). En effet, sur les 30 personnes
interrogées pour cette étude 12 ont montré une attitude clairement
positive envers l'aviation actuelle (16 si l'on inclut les 4 qui
limitent leurs sentiments positifs à l'aviation des pionniers). Sur ces
12 personnes, 4 seulement déclarent le bruit d'avions en tant que
« problème N°1 », les 8 autres personnes dans ce cas ont une
attitude envers l'aviation plutôt utilitaire, indifférente, mitigée,
négative ou angoissée (crainte d'accidents, 3 cas).
L'avion le plus gênant en dB(A), le Concorde, est celui qui gêne le
moins en durée car il passe très vite, et, au plan subjectif, il fait
plaisir à voir sinon à entendre car il est unanimement jugé comme étant
très beau, voire comme symbolisant le génie français. La plupart des
personnes semblent cependant bien conscientes que la rareté des vols de
cet avion entre pour beaucoup dans cette attitude, qui changerait
radicalement si ces vols étaient plus nombreux.
Parmi les sept personnes à l'attitude négative envers l'aviation, on
n'est pas réellement surpris de trouver tous les interviewés de
Villeneuve-Saint-Georges (commune la plus « nuisancée » parmi
les dix sites de cette étude, mais où Mme VSG02, cependant, déclare
aimer « les débuts seulement » de l'aviation), ainsi que
l'instituteur de Gonesse dont l'école doit fermer pendant le salon du
Bourget (Mont03). Lié à l'attitude à l'égard du Concorde, le fait que
seulement sept personnes trouvent que l'aviation est une chose
négative, là ou bien d'autres subissent autant de bruit d'avions
qu'elles, ne s'explique à notre sens que par un changement d'image de
l'aviation en général : ce terme n'évoque désormais plus l'épopée
des débuts ou la prouesse technique d'exception, mais une morne routine
quotidienne comparable à celle de la SNCF (d'ailleurs affichée,
puisqu'il y a « bus » dans Airbus).
Les cas d'attitude indifférente envers l'aviation semblent davantage
liés à des problématiques personnelles — M. Bull02 a
mémorisé pendant vingt ans tous les bruits de locomotive, et ne désire
manifestement pas recommencer avec ceux des avions ; M. Gon03 est
né à Gonesse, et le bruit des avions constitue pour lui le paysage
sonore banal de son enfance ; et Mme Iv03 se plaint presque autant
des camions de betteraves devant chez elle ou de ses voisins bricoleurs.
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1.5 Une typologie des attitudes des riverains des aéroports envers le bruit des avions
Il y aurait, à notre avis, six groupes d'attitudes envers le bruit des
avions chez les riverains des aéroports, selon le degré de gêne
subjective qu'ils manifestent, que nous allons illustrer ci‑dessous par
les citations des intéressés. Pourquoi six groupes et non davantage,
comment peut‑on estimer qu'il y a peu de chances qu'existent d'autres
attitudes ? De par la répétitivité des propos tenus par notre
trentaine d'interviewés. Il existe sans doute des attitudes
différentes, mais il faudrait augmenter considérablement la taille de
l'échantillon pour voir apparaître la répétition de nouvelles
attitudes, de plus en plus rares. Avec nos six groupes, nous estimons
décrire suffisamment l'essentiel des attitudes qui existent à l'heure
actuelle autour de ces deux aéroports. Les exemples cités les
illustrent, pensons-nous, d'eux-mêmes.
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A) Ne sont pas gênés du tout par le bruit des avions, car ils vivent de et pour l'aviation :
LMAm01 :
Il n'y a qu'un seul cas, celui de Mme. LMAm01, dont le mari est
mécanicien d'Air France sur moteurs à réaction. Le bruit est pour elle
quelque chose d'intolérable, « sauf les avions » ! Elle
trouve, par contre, que « les mobylettes donnent envie de
tuer ». Concernant le bruit des avions elle dira tout d'abord
« que ça ne la dérange pas », surtout les essais de moteurs
qui signifient pour elle que son mari fait son travail... Elle ne
connaît pas la différence des bruits entre les différents avions, chose
qu'elle a délégué à son mari.
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B) Ne sont que peu gênés par le bruit, mais sont vigilants quant au trafic aérien :
Bull02/04 :
Il trouve son quartier tranquille, malgré quelques tondeuses, ainsi que
quelques avions. « Mais où n'y a-t-il pas de gêne », demande
t-il. « Moi c'est depuis que je suis ici que je peux dormir les
fenêtres ouvertes la nuit ». « Il faudrait être difficile
pour ne pas être satisfait de ce quartier ». « Ça c'est
dégradé, mais qu'est ce qui ne s'est pas dégradé ? ». S'il
n'y avait pas d'avions, ce serait mieux, mais il les supporte. Il
signale quand même que le dimanche, l'aéroclub de Toussus-le-Noble est
très bruyant, ces petits avions monomoteurs sont parfois plus bruyants
que certains gros porteurs, et plus longtemps.
Iv01 :
Le bruit, il le supporte difficilement mais ce n'est pas tellement
celui des avions que le bruit des chiens des voisins. Pourtant les
avions, dit-il, sont surtout gênants aux décollages par vent d'Est,
quand il fait beau : c'est quand ils sortent dans le jardin !
La plupart du temps les vents sont de l'Ouest et les avions ne les
survolent qu'à l'atterrissage, ils sont moins bruyants. il connaît le
Plan de gêne sonore, les aides à l'habitat... et il estime que
« si on avait tout ce qui est promis, ça serait
intéressant ! » La vraie solution, selon lui, c'est la
réduction du bruit à la source car l'isolation ne règle pas le problème
des jardins.
Montm01 : L'important
pour eux, avant tout, c'est la propreté. Le bruit n'est pas mentionné
comment problème d'environnement, « ici, c'est calme, le bâtiment
B est calme... » Le thème du bruit apparaît à propos du
travail : son travail dans des cantines scolaires est bruyant.
Concernant le bruit des avions elle dira « par moments c'est un
problème ». À la belle saison, avec les départs en vacances, elle
les entend à partir de 5 heures du matin.
San02 :
Il participe à l'association de quartier qui regroupe 8000
habitants ; ils ont obtenu une barrière pour se couper du centre
de Sannois, et depuis ils se sentent tout à fait au calme. Les bruits,
pour lui, c'est « le bruit des avions à certaines périodes. »
Depuis quinze ans qu'il vit là, il n'a pas noté de différences dans le
bruit ; il perçoit celles entre Sannois et Paris. Concernant le
bruit des avions, ils ne dérangent que par vent d'Est, mais il redoute
l'extension des pistes de Roissy et une modification des trajectoires
d'envol.
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C) Sont gênés par le bruit, mais moins que par d'autres soucis ou nuisances
Bull01 :
L'interviewé est un homme de 58 ans, au chômage depuis quatre ans, et
bientôt au RMI ainsi que sa femme, qui était déjà au chômage avant lui.
Leurs revenus actuels ne sont plus que de l'ordre de 4000 francs par
mois. je devrai le relancer par deux fois, alors même que des avions
nous avaient survolé, pour qu'il mentionne les survols à l'atterrissage
par vent d'Est comme étant une gêne certains jours ; mais
immédiatement il atténue ce qu'il vient de dire en déclarant que la
situation locale n'est pas comparable à celle, infernale, des habitants
proches d'Orly
Bull03 : lis
habitaient autrefois le grand ensemble de Massy qu'ils ont quitté pour
le cadre campagnard de Bullion. Elle finit presque par regretter les
HLM où « il y avait toutes les commodités ! ». Ils
rêvent de changer leur pavillon contre une maison de ville dans le
vieux village de Bullion même, « malgré la route ». Ce qui,
d'après elle, pose le plus de problèmes dans son quartier ce sont les
chats. Il y a beaucoup trop de chats, « on les retrouve dedans en
rentrant ». Les avions produisent un grondement quasi permanent,
mais pas gênant. Le vrai problème c'est l'obsession du voisin mitoyen
(l'interviewé Bullion01), « qui ne supporte pas les chiens,
d'ailleurs il ne supporte rien ». Les mobylettes la dérangent
davantage que les avions.
Gon01 : Sa
première préoccupation est la tranquillité et la propreté : son
HLM est en effet très dégradé, au point qu'elle apprécie d'habiter le
4ème étage « qui est assez tranquille », par rapport à
l'insécurité du rez de chaussée. En deuxième lieu elle se plaint des
avions, qui la gênent pendant la journée. Le problème de son quartier,
selon elle, est donc la gêne des avions le jour et celle des bandes de
jeunes certaines nuits. A part cela elle apprécie de vivre dans la
verdure, « je m'y plais beaucoup, on a de la chlorophylle, ici, on
n'est pas trop dans le béton ».
Gon02 :
L'important pour elle c'est d'abord la sécurité, car elle a été
récemment victime d'un cambriolage. Également le bruit, mais il est
beaucoup moins " important que la sécurité. Elle a vécu dans sa Guinée
natale jusque à l'âge de vingt deux ans, puis elle est partie à cause
du régime politique de Sekou Touré. Le bruit des avions lui paraît
relativement supportable à Gonesse, si elle le compare à celui que
supporte sa cousine à Goussainville. Les avions sont difficiles à
supporter le soir et la nuit, surtout en été. Les atterrissages sont
plus pénibles que les décollages, « c'est quand il descend qu'on
l'entend vraiment beaucoup ».
lv03 :
lis habitent une maison de ville riveraine de la départementale 115 qui
traverse Iverny. Le problème principal chez eux ce sont les camions de
betterave entre le mois d'octobre et de décembre ; ensuite les
avions. Mais ils se plaignent encore davantage du bruit des voisins « qui n'ont aucun respect des normes de la communauté »,
car Roissy disent-ils, « on s'y habitue ». Avec le bruit de
la route ils ne sont dérangés par les avions qu'au dehors de la maison,
et surtout le week-end car ils travaillent ailleurs en semaine.
SM02 :
Ils habitent l'endroit depuis 6 ans, mais n'étaient pas du tout de la
région : ils viennent de Tours, le mari a accepté une mutation sur
Paris et ils ont voulu éviter la ville et la banlieue en s'établissant
à St Mard. Ce qui fait problème dans leur existence c'est qu'ils sont
déçus du choix qu'ils ont fait de la campagne : ils trouvent
finalement qu'il y a autant de problèmes que dans la grande ville.
« Les avions, au moins, on s'y attendait ». Le bruit les
dérange beaucoup, ils ont l'impression que les gens, décidément, aiment
faire du bruit. Les avions également semblent, ces derniers temps,
avoir décidé de survoler précisément leur pavillon.
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D) Sont très gênés par le bruit, mais le surmontent tant bien que mal
VSG01/02 :
Ils ont souffert du bruit des avions presque toute une vie, mais
viennent d'obtenir des fenêtres isolantes de l'ADEME, en février 1998.
Ils déclarent que cette isolation est efficace à 80%, et même
qu'« il y a moins d'avions »... « Avant, quand on était
dehors on ne s'entendait pas parler... quand les enfants étaient
jeunes, on ne pouvait pas manger dehors ». Actuellement, il est
devenu possible de suivre une conversation dans la rue, les moteurs ont
changé. lis ne pensent pas au type d'avion, sa destination, ses
voyageurs ou sa cargaison : « les avions ne font pas
penser ». Ils estiment en conclusion que la solution au bruit des
avions est l'isolation acoustique des logements, comme chez eux.,
VSG04 :
Elle habite un immeuble moderne d'une dizaine d'étages exposé autant au
bruit des avions qu'à celui des trains. Elle y habite depuis 1965,
« à l'époque les avions passaient plus loin ». La
modification des axes des pistes les amena au dessus de leur immeuble
en 1974. Elle apprécie depuis peu l'angle accru au décollage pour
diminuer le bruit... Villeneuve Saint-Georges est devenu une commune
pauvre avec une population à problèmes, et des impôts très élevés
compte tenu de l'environnement très médiocre. Entre neuf et dix heures,
on ne peut pas écouter la télévision, elle se réfugie de l'autre côté
de son appartement. Pourtant ce n'est plus le bruit des Caravelle, les
moteurs ont fait beaucoup de progrès, et surtout « les
procédures » témoignent du souci de moins gêner les riverains.
Gon03/04 :
Ils habitent une maison de ville au centre de Gonesse. Le bruit des
avions fait problème dans leur vie actuelle. La circulation également
est pénible, le bruit est cependant tolérable à cause de l'isolation
des fenêtres. Il a toujours habité Gonesse avec ses frères, et
n'avaient alors que le bruit des avions du Bourget : c'est avec
Roissy que les choses se sont nettement aggravées. Les jeunes font
exprès de faire du bruit avec les mobylettes sur la place devant la
maison. Concernant les avions, elle dira que « le soir quand il
fait chaud, on ne peut pas ouvrir les fenêtres, ce n'est plus
possible ». Les week-ends les avions passent parfois toutes les
trente secondes et au minimum toutes les trois minutes. Il ne
connaissent pas du tout les différents avions. « Les avions
d'aéro-club, c'est pas la même chose, c'est une passion ! »
Gouss01 :
Il habite un pavillon de 5p avec un petit jardin, dont il a fait
lui-même tous les travaux à partir de 1971, pavillon qu'il a racheté à
un ami après l'accident du Tupolev, tombé précisément à cet endroit. Le
plus important pour lui, c'est le bruit, ensuite l'air pollué par les
avions, et l'eau. Ils ne partent jamais en vacances, ni en
week-end ; ils n'ont aucun endroit où fuir le bruit des
avions : « on dit souvent qu'on s'habituer. Ce n'est pas
vrai ! On ne s'habitue jamais. » Il trouve que le bruit
« c'est pareil depuis vingt ans ». Le Concorde :
« Ne m'en parlez pas ! C'est la belle bête mais alors...
C'est strident mais bref. Ça bouge le cœur »... La seule solution,
c'est qu'il n'y ait plus aucun avion. Les avions à hélices sont presque
aussi bruyants que ceux à réaction.
Iv02 :
Ce qui fait problème pour elle que ce sont les avions, surtout depuis
l'accord sur'la nouvelle piste. Le bruit des avions s'est accentué,
surtout la nuit. Concernant le bruit, elle dit que maintenant il y a
beaucoup plus de moteurs qu'autrefois, et davantage de bruit la nuit.
Un bruit de tracteur tôt le matin, ou la bétonnière d'un bricoleur du
dimanche gâchent le plaisir de la campagne, elle préfère encore les
avions ! Les avions ne sont gênants, en fait, que quand le vent
est porteur : « il y a des jours où on ne les entend
pas ». Mais les jours de décollage on les entend très fort ;
« le dimanche on les entend même en continu, c'est ce qui dérange
le plus ». Le soir, parfois jusqu'à minuit, elle entend des
avions ; les étés davantage qu'à la mauvaise saison.
SM01 :
Le bruit des avions constitue le seul aspect négatif du quartier :
la pureté de l'eau est satisfaisante. L'air, pour sa part, est meilleur
qu'à Paris. Mais l'environnement devient très vite stressant quand il
fait beau, et qu'il passe 5 avions en 15 minutes. Le bruit du vent ou
de la tempête la dérange : le bruit en général a pour elle une
très grande importance. Elle trouve qu'il y a maintenant beaucoup plus
de bruit qu'autrefois : bruits de transports, mais également les
médias, la télé, la radio. Les avions sont très gênants le soir à
partir de 19h30 ou 20h00, mais elles ne les entend pas pendant la nuit.
Elle ne perçoit pas de différences entre les atterrissages et les
décollages, son ami par contre les perçoit. A l'école où elle travaille
on a du interrompre un match de football avec des élèves à cause du
passage du Concorde, qu'elle trouve très beau mais extrêmement bruyant.
Les avions à hélice dérangent moins à son domicile mais à d'autres
endroits il sont terribles, de même que les avions militaires quand il
y en a.
Montm03 : Rien ne fait
problème dans son existence actuellement. Mais, concernant
l'environnement, il déclare que les avions posent problème. Le problème
du bruit se pose pour lui surtout dans son travail à l'école, « on
est obligé de vivre avec ». Mais c'est le bruit des avions qui
constitue le « gros point noir ». Les avions commencent tôt
le matin vers 5 ou 6 heures. Il pense que le bruit des avions à une
influence sur la santé, notamment « les états dépressifs à
Goussainville » et sur les écoliers de son établissement à
Gonesse, où « les conditions sont terribles » ; cette
école est obligée de fermer lors de la tenue des salons du Bourget.
San01 :
Ce qui fait problème pour elle c'est d'abord le bruit, ensuite l'eau
trop calcaire. Ils ont été les premiers habitants de cet immeuble
moderne du centre ville, dans lequel ils se sont repliés pour être plus
en sécurité, après plusieurs cambriolages de leur pavillon. Le bruit
est très important par rapport aux autres problèmes, car il y en a de
plus en plus : la circulation et les avions en premier lieu, mais
également les jeunes qui rôdent en bandes la nuit au centre ville,
« et font des fêtes impossibles ». La vallée de Montmorency
résonne, répercute les bruits des avions.
LMAub01 :
Ce qui est important pour elle c'est une bonne vie à la campagne. Mais
il y a les avions de Roissy, à 5 kilomètres à vol d'oiseau. Elle ne
voit aucun autre problème dans son existence, sauf des allergies. Les
problèmes d'environnement sont dans l'ordre : le bruit, l'air, et
l'eau qui est très calcaire. Le kérosène se dépose sur les vitres. La
nuit à la campagne ils ne sont gênés que par les camions de betteraves.
Le bruit est une préoccupation importante, elle trouve qu'il y a de
plus en plus d'avions, de circulation, etc. Le meuglement des vaches
lui manque. Le bruit des avions est le plus pénible en rentrant de
vacances, à cause du calme dans les Vosges. Il passe un avion toutes
les quarante secondes le soir entre 18h30 et 21h30. Selon le vent ils
passent très bas au-dessus de chez elle au décollage, elle n'entend
jamais d'atterrissage. Parfois, ils sortent voir passer le Concorde
« parce qu'il est très beau ! »
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E) Sont révoltés par le bruit, et ne le supportent qu'en militant contre les avions :
VSG03 :
Il habite un pavillon dont le jardin fait 250M2, directement sous la
trajectoire des avions. Il me reçoit la porte ouverte pour que le
magnétophone enregistre bien chacun des avions qui vont passer. Le
bruit est insupportable au dehors de cette maison isolée, et réduit à
néant les avantages de la vie pavillonnaire, le jardin n'étant plus un
espace d'agrément. Le kérosène empoisonne les légumes, les salades.
« On ne s'est jamais trop penché sur le sujet je crois, parce
qu'on ne veut pas affoler certainement les populations, mais je pense
que si un jour on faisait une étude très sérieuse, on serait peut-être
très surpris ». Le bruit des avions finit par susciter localement
une mutation sociale, de plus en plus de gens quittent la région, et
ils tendent à être remplacés « par des populations à
problèmes ». L'immobilier perd de sa valeur, un très grand nombre
de pavillons sont en vente, mais la réputation de Villeneuve
Saint-Georges (avions, bouchons, bruit, pollution) provoque une chute
de l'ordre de 20%. Le souvenir marquant de son enfance est le
bombardement aérien d'avril 1944, dans lequel il perdit un certain
nombre de copains d'école : déjà un traumatisme lié aux
avions !
Gouss02 : L'ambiance
est sécuritaire dans ce pavillon gardé par un chien très efficace.
L'interviewée pratique le judo, et déclare que sa préoccupation n'l est
la sécurité ; en second lieu seulement elle se plaint des avions.
L'air sent le kérosène, il y a un dépôt de gras sur l'eau ; sa
famille boit de l'eau en bouteille. Concernant l'environnement, elle
estime que le problème le plus grave c'est le bruit des avions
« parce que l'insécurité c'est partout ! ». Ils n'ont
acheté qu'en 1984. « En 1984 il y avait beaucoup moins de bruit
que maintenant, c'est devenu dramatique ! », et c'était plus
facile de supporter le bruit « quand on était jeunes, on avait
vingt ans ». Le bruit des chiens, le leur et ceux des voisins, est
un bruit relativement positif puisqu'il signifie que le quartier est
bien surveillé malgré le bruit des avions qui peut fournir un écran
acoustique à celui des agressions et de l'insécurité. « Le plus
dur à supporter c'est le retour des vacances, il faut se réhabituer,
quoi. De ce point de vue là, je préfère encore le Concorde. »
SM03 :
Ce qui est important pour eux, c'est de vivre là où les enfants se
sentent le mieux. Les principaux problèmes sont le bruit des avions, la
pollution de l'air (la table de jardin est noire à cause du kérosène),
ainsi que l'eau qui est très calcaire. Le problème se pose avec plus
d'acuité à la belle saison, par rapport à l'utilisation du
jardin : « C'est en plein été qu'on est vraiment gênés !
On en prend plein les oreilles ! » Pendant ses deux mois de
vacances en tant qu’enseignante, elle est forcée d'établir son emploi
du temps par rapport aux avions en profitant dé leurs heures creuses. Les
avions les dérangent le plus à leur retour du travail, dans le jardin,
de 11h30 à 14 heures, et de 18 heures à 21 heures. Les décollages
« on les entend depuis la salle à manger ». Ils sortent
parfois pour regarder certains avions, surtout le Concorde, qui
« parfois passe à 21 heures ! On le regarde toujours, il est
le plus bruyant ». Une solution sont les procédures d'envol,
« l'A320, il décolle avec un angle beaucoup plus raide, on les
entend beaucoup moins. »
Montrn02 :
Il a choisi de vivre sur les hauteurs de Montmorency, au bord de la
forêt, retiré du centre : « c'est relativement
agréable », mais son vrai terroir est dans sa Corrèze natale.
Auparavant il habitait à Soisy, qu'il a quitté à cause du projet BIP
(autoroute urbaine). Le problème pour lui c'est le manque de temps, il
a plusieurs activités, dont sa militance pour les Verts. A Montmorency,
le bruit est un problème important sur le haut de la colline où se
situe son immeuble : il reçoit le bruit des avions de plein fouet,
et se demande s'ils respectent bien les hauteurs de survol
réglementaire. Il pense que les avions ont une influence sur la santé.
Le Concorde passe tous les jours à 11 hl 5, « Il est très bruyant,
mais il est beau, est c'est une réalisation, un patrimoine ». Il
ne voit comme solution que de déménager les aéroports, mais refuse
l'idée d'un grand aéroport pour les futurs supersoniques en Corrèze.
LMAm02 :
L'important pour lui est de mieux respirer, dit-il : il y a trop
de pollution, trop de déforestation, en Amazonie il y a eu des
milliards d'hectares de forêt coupée. Il ne fait pas confiance à l'eau
du robinet, il boit de l'eau en bouteille. Il est asthmatique, il est
soigné par désensibilisation ; il attribue son asthme aux gaz des
avions, aux fortes chaleurs, aux pics de pollution. Les problèmes
d'environnement sont extrêmement importants pour lui, la pureté de
l'air en premier lieu, en second l'état des routes pour les rendre plus
fluides, en dernier la crainte des chutes d'avions. Il est né ici même,
ses parents habitaient cinq cents mètres plus loin ; c'est la vie
de village. Le bruit des avions provoque des fissures dans la maison,
des vibrations du sol, « et ils construisent deux nouvelles
pistes ». Il faudrait mettre en place le
« contre‑bruit » au décollage, dont il a lu la description
dans un article de la revue de PADP distribuée gratuitement dans la
région. Il met parfois la musique à fond, chez lui ou dans sa voiture,
« ça fait écran ». Il ne sort jamais de chez lui pour voir
passer un avion, « ça fait vingt ans que je les vois ! Sauf
le Concorde, mais celui‑là passe vite ! » Une solution,
d'après lui, serait de reverser correctement les fonds collectés contre
le bruit, et réservés aux accédants d'avant 1978.
LMAub02 :
Il est surveillant de travaux à la DDE, sa femme est chef de service
d'une société d'intérim. L'important pour lui c'est le bruit de
l'aéroport, la décharge de PAREPP, l'autoroute, la RN16. Également
l'apparition de l'insécurité dans les petites communes. Il est
président de l'association du lotissement de douze lots. C'est le vent
d'Est qui apporte le bruit, le vent d'Ouest le diminue. Le temps
cotonneux et le brouillard diminuent également le bruit. Les
différences sont très nettes entre décollages et atterrissages.
« Aux décollages, parfois, leurs ailes sont remontées tellement
ils sont chargés ». Non seulement il les voit de chez lui, mais il
pense même que les pilotes utilisent son pavillon à lui comme balise
pour tenir leur cap lorsqu'ils décollent : ils passent tous
au‑dessus de chez lui ! Le bruit des avions à changé pour certains
modèles, il reconnait les Airbus. Il est certain que le bruit des
avions influe sur la santé. Il connaît le système Sonate, etc.
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F) Les sinistrés par le bruit, qui sont partis vivre ailleurs :
C'est le cas de Villeneuve Saint‑Georges et des collectifs émergents à
Gonesse qui nous a fait inclure, pour mémoire, cette dernière
catégorie, dont par définition nous n'avons pu interroger aucun
représentant. Nous décrivons au § 2.3 son auto‑exclusion de l'enquête
par une sous‑population qui parait, au téléphone, bien être la plus
« nuisancée ». Certaines personnes de la catégorie précédente
sont par moments à la limite de celle‑ci, par exemple Mme.
Gouss02 : « Quand je raconte aux gens que j'habite près de
l'aéroport de Roissy, que j'ai le TGV qui passe, et la Francilienne en
plus, il me disent que je suis folle d'habiter là ! » Le
couple s'est donné deux ans pour observer l'évolution du trafic aérien
et partir éventuellement dans l’Oise, malgré l'éloignement de son lieu
de travail et les frais de transport que cela entraînerait. Ils
envoient les enfants le plus souvent possible chez leur grand‑mère à
Perpignan « et on doit les mettre sur l'avion à Orly, c'est un
comble ! »
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1.6 Propositions concernant le questionnaire pour un sondage
La commande prévoyait que nous formulions cinq questions résumant les
préoccupations des riverains des aéroports, pour le sondage ultérieur.
Or, le projet de questionnaire que nous avons reçu début juillet 1998
était beaucoup plus fourni en questions que le nôtre, la différence
essentielle concernant la démarche suivie pour l'analyse des données et
non pour leur recueil...
Nous avons donc tiré de notre travail des propositions méthodologiques
pour ce grand sondage en préparation, que nous avons communiqué à
l’INRETS au début du mois de juillet 1998, à la demande de M. Michel
Vallet. Ces propositions étaient contenues dans une note (qui figure en
Annexe, §5.3), et dont nous résumons ici l'essentiel. Mis à part
quelques critiques de détail, l'ensemble de nos remarques allaient dans
le sens d'une plus grande contextualisation du sondage, dont elles
accroissent fortement le nombre de variables d'analyse des réponses aux
questions, plutôt qu'en proposant d'autres questions : le nombre
de questions était déjà considérable, et nous avons d'ailleurs indiqué
dans notre note qu'il était, au contraire, sans doute possible d'en
réduire le nombre...
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Ces
variables d'analyse sont d'abord des variables « factuelles »
manquantes dans le projet de questionnaire. Ainsi, l'univers du travail
n'y était pas exploré, et nous proposions du moins de demander aux gens
si leur travail était lui‑même bruyant ou non. Ils le jugent tel
eux‑mêmes, et s'il est réputé bruyant). Les mères de famille ‑nombreuse
avec enfants en bas âge pouvant être considérées avoir un
« travail bruyant ». De même, concernant l'emploi, il semble
important de connaître l'emploi du conjoint, celui des parents, et
l'adéquation de ces emplois à leur formation à l'origine (distance
entre métiers et emplois, et insatisfaction sociale éventuelle).
Concernant le type d'habitat, il est important de distinguer entre les
pavillons modestes et cossus (taille du jardin, notamment) : le
type de bruyance locale se surajoute au bruit des avions. Il en va de
même pour les immeubles collectifs, HLM, ILN ou « de
standing » (il y en a à Sannois !). Nous avons également
proposé de recueillir le niveau de revenus mensuel global du ménage
(toutes allocations comprises), absent du questionnaire, et qui réserve
souvent des surprises par rapport à l'item « emploi ».
Mais à part ces variables factuelles, nous avons ensuite proposé, sur
le fond, de reprendre notre idée du « BEP » afin d'augmenter
la contextualisation de l'ensemble de la démarche :
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« Si
l'environnement sonore des riverains d'aéroports est finement exploré
par l'outil proposé, nous regrettons (sur la base de notre propre
pré-enquête) que l'approche ici proposée par M. Michel Vallet n'aborde
pas un certain nombre de dimensions de l'existence humaine qui ont, à
notre sens, prouvé de longue date combien elles interviennent dans la
construction subjective de la gêne (ou nuisance, ou dérangement). Il
s'agit des facteurs dont la combinaison résulte dans l'insatisfaction
des individus dans tout autre domaine que l'environnement,
insatisfaction qui multiplie la gêne due à l'environnement par un
coefficient personnel inconnu. Nous avons simplifié le BEP en lui ôtant
sa dimension interprétative (issue de la clinique), remaniement qui en
principe le rend compatible avec des passations par questionnaire.
Rebaptisé « IQV » (indicateur de qualité de vie), cet
indicateur plus simple aborde huit dimensions (au lieu des douze du
BEP) : la sphère de l'individu, de la famille, de la société et du
rapport à l'environnement sont chacune « sondées » par un
autobilan sur deux items :
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champ existentiel |
instance |
POS |
MOY |
NEG |
a- la bonne ou mauvaise situation psychologique et somatique |
Individu |
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b- la réalisation dans le logement actuel |
Individu |
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c- la satisfaction ou l'insatisfaction quant à l'évolution des enfants |
Famille |
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d- l'ambiance familiale étendue (collatéraux, ascendants, belle-famille) |
Famille |
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e- le degré de réalisation dans la trajectoire sociale personnelle et le travail |
Société |
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f- l'attitude envers le changement social en général |
Société |
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g- le degré de réalisation dans la vie de loisir, la nature |
Environn |
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h- l'intégration à la vie du voisinage ou à l'image du quartier |
Environn |
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TOTAL (max. 8) |
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La
notation de l’IQV se ferait donc sur trois catégories (positif, moyen,
négatif, ce qui permet, tout d'abord, une simple notation
additive : un individu pourrait donc avoir un indice tel que, par
exemple, P2/M4/N2 ; et un autre plus défavorisé PO/M2/N6, etc. Les
profils peuvent, ensuite, être affinés sur les huit dimensions qui
composent l'indice, on obtiendrait alors des indices tels que
« Pcdgh/Mabe/Nf » : ce sera au calcul statistique de
déterminer l'échelon de finesse pertinent.
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On
voit l'intérêt de la ventilation des réponses sur de tels profils : sur
un échantillon nombreux de l'ordre de mille individus, cela rend
pensable la recherche de corrélations entre des facteurs
d'environnement et des typologies issues de l'IQV. Par exemple, il peut
s'avérer que quelques types de situations sonores gênent davantage les
gens qui ont tel profil, mais moins ceux ressortissant à tel autre,
etc. Comment procéder en pratique pour intégrer une telle
démarche au projet de questionnaire en cours ? Cela semble, possible
d'une part, du fait que le questionnement se fait de manière
« interprétative », l'enquêteur analyse les données ; d'autre
part, un bilan est déjà prévu en fin de questionnaire, page 12, par
l'induction « Nous allons terminer cet entretien par deux notes globales résumant votre sentiment », portant sur « quelle note attribueriez-vous à votre cadre de vie ? », et de même pour « le bruit des avions ? ».
Rien de plus simple dès lors que de faire précéder cette fin
d'entretien par un « module » dédié à l'IQV, tel que par
exemple :
« Nous avons beaucoup parlé de I'environnement sonore, du bruit des avions... Mais pour pouvoir vraiment utiliser les opinions que vous nous avez donne, nous avons besoin de savoir un peu mieux qui vous êtes, quelle vie vous menez... Est-ce que, dans votre vie actuelle, quelque chose fait problème, ou est-ce que tout va bien, ou moyennement, sur chacun des points suivants... »
(module suivi de la grille pour le recueil des éléments entrant dans l'établissement de l'IQV).
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1.7 Conclusions générales
La gène des riverains des aéroports est bien réellement acoustique et
intrusive pour les uns, davantage sémantique et psychologique pour
d'autres, mais elle existe chez tous. Malgré le fait que les personnes
les plus atteintes par ces nuisances n'ont pas voulu participer à
l'enquête (à laquelle ont surtout participé des personnes présentant un
« indicateur de bien être potentiel » positif ou moyen), les nuisances
aéronautiques sont perçues chez 17 interviewés sur 30 comme étant leur
« problème n°1 ». Perçue ou non, parlée ou non, cette gêne a
certainement des effets réels, physiques, psychiques et sociaux.
Ces riverains se laissent classer selon une typologie en 6 groupes selon leur attitude psychosociologique :
- le groupe A : n’est pas gêné du tout par le bruit des avions, car il fait partie de l'aviation ;
- le groupe B : n’est que peu gêné par le bruit, mais on y est vigilant quant au trafic aérien ;
- le groupe C : est gêné par le bruit, mais moins que par d'autres soucis ou nuisances ;
- le groupe D : est très gêné par le bruit, mais le surmonte tant bien que mal ;
- le groupe E : est révolté par le bruit, et ne le supporte qu'en militant contre les avions ;
- le groupe F : les sinistrés par le bruit, qui sont partis vivre ailleurs.
(Il n'y a eu, évidemment, aucun représentant du groupe des « sinistrés » parmi les interviewés).
Pour
le questionnaire du futur sondage, nous avons proposé de renforcer le
nombre de variables d'analyse afin de contextualiser davantage les
données obtenues par les nombreuses questions déjà prévues, et surtout
de le compléter par une version allégée de notre indicateur de « bien
être potentiel », l'IQV (indicateur de qualité de vie), ne
nécessitant pas de diagnostics à tendance clinique. L'utilisation d'un
tel indicateur - nous espérons l'avoir ici démontré à nouveau malgré le
très faible nombre de personnes auquel il a été appliqué, et ses
resultats moins spectaculaires en milieu de très forte gêne acoustique-
s'avère toujours à même de fournir des corrélations entre l'expression
de la gêne liée aux nuisances aéronautiques et le degré de satisfaction
ou d'insatisfaction des personnes dans 8 dimensions élémentaires de
leur existence. |
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2 ‑ Objectifs, méthode, déroulement, hypothèses
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2.1 Les objectifs de cette enquête et les dix sites retenus
Rappel de la commande :
« Les évolutions récentes du transport aérien ont mis en évidence
une sensibilité accrue des riverains d'aéroports aux problèmes
d'environnement et plus particulièrement de nuisances sonores.
Dans le cadre des mesures d'accompagnement à l'aménagement de
l'aéroport de Roissy annoncées par le Ministre de l'équipement, des
transports et du logement, le Service des Bases Aériennes a entrepris
une étude sur la perception du bruit par les riverains de l'aéroport et
son évolution au fur et à mesure du développement de la plate‑forme.
Pour cela, il est nécessaire de préciser les comportements des
riverains de l'aéroport vis à vis du bruit et de mieux appréhender les
aspects subjectifs de la gêne due au bruit des avions.
L'objet de cette commande est de décrire les attitudes
psychosociologiques des riverains d'Orly et de Roissy soumis à
différents niveaux de bruit d'origine aéronautique, de les analyser et
d'en déduire une typologie. Pour cela, des entretiens explorant les
divers champs psychosociologiques nécessaires au diagnostic de gêne
seront menés auprès d'un échantillon de trente personnes réparties sur
dix sites autour des aéroports d'Orly et de Roissy. L'analyse des
résultats de ces entretiens tiendra compte des différents types
d'habitat (individuel, collectif... ), de la catégorie
socioprofessionnelle des habitants ainsi que de l'exposition au bruit
et devra permettre de déduire cinq questions permettant de résumer les
préoccupations des riverains vis à vis du bruit des avions. »
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Dix sites ont été retenus par la DGAC pour cette étude, dont deux près d'Orly et huit près de Roissy-CdG :
- Bullion (à 30 km à l'Ouest de l'aérogare d'Orly) ;
- Villeneuve St Georges (à 7 km à l'Est de l'aérogare d'Orly) ; Gonesse (à 6 km à L'Ouest de Roissy‑en‑France) ;
- Goussainville (à 4 km au Nord‑ouest de Roissy‑en‑France) ; Le Mesnil Amelot (à 5 km de Roissy‑en‑France à l'Est) ;
- Le Mesnil Aubry (à 10 km au Nord‑ouest de Roissy‑en‑France) 0 Montmorency (à 16 km à L'Ouest de Roissy‑en‑France) ;
- Sannois (à 20 km à L'Ouest de Roissy‑en‑France) ;
- St Mard (à 13 km à l'Est de Roissy‑en‑France) Yverny (à 19 km à l'Est de Roissy‑en‑France).
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Il
paraît remarquable que les distances aux aéroports ne semblent pas bien
refléter la situation sonore rencontrée sur place, ce pour plusieurs
raisons : les trajectoires d'envol et d'approche des plans de vol,
la distance aux extrémités des pistes ou à leur axe, le relief exposé
ou non... Les différents documents mis à notre disposition concernant
les niveaux de bruit mesurés autour des deux aéroports (mesures
obtenues par le système Sonate) se révèlent difficiles à utiliser
concrètement : d'une part, ils ne concernent que très
partiellement les mêmes sites, d'autre part, même à proximité d'une
station Sonate les situations sonores peuvent fortement varier selon le
type d'habitat. Nous avons ainsi vu des situations individuelles
relativement bruyantes dans des sites assez calmes loin d'un aéroport,
lorsque l'interviewé habite un appartement à un étage élevé d'un
immeuble qui reçoit le bruit directement à vol d'oiseau (cas de Mme 01
à Sannois, ou de M. 03 à Montmorency), et inversement nous avons vu des
personnes plus proches des sources de bruit en être relativement
protégées par le fait que leur maison dans un village se fondait dans
la masse du bâti, qui ne le répercutait qu'indirectement (cas de Mme
02, à Gonesse). Il aurait fallu dans l'idéal, pour une recherche de
corrélations proprement dite, disposer des mesures de bruit chez chacun
de nos trente interviewés, et cela pour la période où nous les avons
visités. Encore faudrait-il distinguer entre le bruit intérieur et
extérieur aux logements, la qualité d'atténuation acoustique du bâti
variant elle‑même fortement. Nous avons noté, cependant,
l'impression subjective que chaque endroit visité nous a laissé sur le
moment. Ces notes se laissent classer, selon l'intensité des bruits
d'avions que nous avons pu y entendre, en trois catégories :
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- Sites à fort bruit d'avions : Villeneuve St Georges, Goussainville, Le Mesnil Amelot ;
- Sites à moyen bruit d'avions ‑ Gonesse, Le Mesnil Aubry, Montmorency ;
- Sites à faible bruit d'avions : Yverny, Bullion, Sannois, St Mard.
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Par
la comparaison avec le vécu subjectif des sites par les interviewés au
§1.1, on voit que ce classement du bruit perçu subjectivement par un
visiteur, même motivé, diffère notablement de celui de gens qui vivent
là toute l’année, tel qu'ils le manifestent dans leurs attitudes.
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2.2 Méthode utilisée pour la collecte des données
Depuis
notre recherche de 1975 sur la signification attribuée aux bruits dans
l'habiter', nous restons attaché à une explication du vécu subjectif de
la gêne sonore par l'incidence parfois déterminante de nombreux
facteurs psychosociologiques, en plus des facteurs acoustiques de
l'intensité (dB(A) et des paramètres qualitatifs des sons. Les
principes généraux qui en découlent au plan des méthodes peuvent se
résumer ainsi :
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1 - Manuel Periáñez, 1975, Les significations de la gêne attribuée aux bruits dans l'habiter, (avec Florence Desbons), CEP.
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• L'étude de la subjectivité face
au monde sonore en général constitue un des domaines de pleine
compétence des sciences humaines : essentiellement la psychologie,
la psychosociologie, la psychanalyse, la psychiatrie et l'ethnologie.
Les sciences sociales (sociologie, économie, démographie), ainsi que
l'éthologie et la linguistique n'y ont qu'assez secondairement accès.
• Le recueil d'opinions ou
d'autres éléments d'appréciation subjective au sujet du bruit, ou à
J'écoute de bruits, ne constitue pas en soi une étude de la
subjectivité, mais seulement une observation de ses effets. Or,
des effets d'apparence semblable peuvent avoir des causes multiples, et
différentes d'un sujet à l'autre. D'où des limites sérieuses à la
méthode classique des sondages, et la nécessité d'acquérir de nombreux
éléments d'information sur le contexte dans lequel
sont produits ces effets de subjectivité : état d'esprit du sujet,
situation socioprofessionnelle el familiale, expériences vécues, etc.
Brel, il faudrait, dans l'idéal, savoir aussi exactement que possible qui, vivant quoi et ayant vécu quoi, avance
telle ou telle opinion sur un bruit. D'où le recours à des méthodes
qualitatives quasiment cliniques, et l'abandon des sondages classiques.
• La notion « d'individu moyen », sur laquelle se
basent habituellement les recherches comportementalistes sur la gêne,
perd avec ces considérations qualitatives beaucoup de son sens. Le
domaine des significations subjectives liée au perçu sonore est ici
central, aussi bien pour les faibles que pour les fortes intensités, et
aussi bien pour le bruit réel externe que pour le « paysage sonore
interne » des élaborations mentales de l'individu. Ces
significations, actives dans les représentations des individus, font
intervenir des dimensions hétérogènes : sociales, idéologiques au
niveau de la société globale ; plus relationnelles au niveau du
groupe de voisinage ; très subjectives, enfin, au niveau
individuel où se reflètent des dynamiques de conflits souvent
inconscients.
• Nous formulerons plus loin les hypothèses a priori concernant
l'incidence des significations sur la gêne que nous pouvons tirer de
ces précédents travaux (cf. §2.4).
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L'outil
pour le recueil des données est un questionnaire d'entretien
semi‑directif centré sur le bruit des avions. Mais il est complété,
comme dans toutes nos recherches depuis 1978, par un volet à tendance
« clinique », qui nous est apparu indispensable pour évaluer
les données du thème central, visant à recueillir des éléments
concernant la vie et la personnalité des interviewés, par l'exploration
succincte du degré d'importance de douze grands champs régissant pour
l'essentiel leur existence. Il nous est, en effet, toujours apparu
crucial de pouvoir situer avec précision les personnes qui expriment
les opinions avec lesquelles, pour l'essentiel, nous travaillons. Ces
douze champs se divisent en quatre rubriques : l'individu, la
famille, la société et l'environnement, et les données obtenues sont
integrées dans un indicateur dit de « bien être potentiel »,
ou BEP, décrit en Annexe au §5.4. Compte tenu des délais et du
budget de cette étude, nous nous sommes cantonné à la dimension
consciente du problème et nous n'avons pas utilisé d'induction par des
exemples sonores. Une induction par techniques projectives était
cependant assez simple à mettre en œuvre, et nous avons repris dans la
première version de l'outil d'enquête un test de phrases à compléter
(décrit en Annexe, §5.2). Ce test a été abandonné après les premiers
tests à cause de sa longueur, et de son inutilité dans les limites de
cette étude, qui n'aborde pas la dimension psychanalytique du degré de
gêne préconscient/inconscient.
La version finalisée de l'outil d'enquête (cf. Annexe, §5.2) comprenait les modules suivants :
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Une
première question, totalement non‑directive : « Qu'est‑ce qui
est important pour vous ? » Cette question permet d'établir
la relation sur un mode assez personnel, proche du médical, tout en
préparant l'exploration de l'univers des représentations de la personne
interviewée selon ses préoccupations dominantes. Les champs explorés
ensuite concernent : |
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1. la relation à l'environnement
2. le logement ;
3. le relationnel, où la question « vous entendez‑vous entre voisins ? » permet un premier passage au thème du bruit (si elle est comprise sur le plan acoustique, et non relationnel)
4. le famille, le couple ;
5. l'enfance
6. la vie quotidienne et les loisirs
7. le travail ;
8. le bruit en général
9. le bruit à l'extérieur
10. le bruit des avions.
11. La vie de l'interviewé (recueils des éléments pour l'indicateur de « bien‑être potentiel »).
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Dans
la stratégie de passation de l'entretien, le thème du bruit ne devait
pas être annoncé d'emblée cette annonce provoque des biais importants,
comme nous l'avons constaté régulièrement depuis 1975. La stratégie de
passation choisie ici est dite « focalisée », par des
questions libres d'abord, dans lesquelles le thème du bruit sera abordé
spontanément, hors toute induction, s'il est prégnant dans la vie de la
personne interrogée. Vers la fin de l'entretien, si le thème du bruit
n'est pas apparu spontanément, il est abordé de façon directive par des
questions précises. Pour cette raison, l'étude était présentée
comme portant sur la santé, le lien entre insécurité et anxiété, ou
l'environnement en général. Cette approche permettait ensuite
d'explorer les représentations de la population concernant le lien
entre le bruit des avions et le thème de la santé.
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2.3 Déroulement de cette étude et limitation imposée par « le terrain »
La difficulté de la prise de RV au téléphone dans certaines zones a
déjà donné des résultats intéressants. En effet, si les entretiens que
nous avons pu faire se sont toujours déroulés dans une bonne ambiance,
parfois même excellente, ceci ne doit pas cacher le danger d'un biais
important sur l'échantillon, lié non pas aux enquêtes elles‑mêmes mais
à l'auto-exclusion d'une sous‑population qui paraît, au téléphone, bien
être la plus « nuisancée » à de multiples égards.
Au début de ce travail, nous nous attendions à une prise de contact
facile dans les communes les plus atteintes par le bruit des avions, et
plus laborieuse dans celles plus tranquilles, où le thème « santé
environnement » paraît moins évident. Or, c'est plutôt l'inverse
qui se produit.
Lors des coups de fil pour la prise de rendez‑vous pour les enquêtes sur le bruit des
avions, nous avons noté un grand malaise, voire de la franche hostilité
dans certains sites, qui ont conduit à des refus massifs de participer
à l'enquête notamment dans des HLM de Goussainville et des pavillons à
Villeneuve‑Saint‑Georges. Dans ces deux endroits en particulier, un
grand nombre de personnes ont perdu tout espoir depuis trop longtemps,
et déclarent volontiers qu'aucune enquête n'a jamais rien changé à leur
sort. Il s'agit de zones pauvres, habitées surtout par des personnes
âgées. Ces personnes sont souvent excédées par le cumul des
difficultés, dont le bruit des avions n'a été jadis que le point de
départ. Celui‑ci a provoqué, à la longue, la dépréciation de
l'immobilier, le départ de leurs amis et connaissances, et leur
remplacement par des populations socialement défavorisées ou « à
problèmes », souvent d'origine immigrée, elles‑mêmes bruyantes et
source de sentiments d'insécurité. Nous avons eu des commentaires
ouvertement racistes au téléphone, à plusieurs reprises. Il semblerait
qu'il s'agisse d'une part importante des populations de certaines
communes devenues selon les termes de nos interlocuteurs des
« dépotoirs sociaux ».
L'enquête a donc nécessairement dû se limiter... aux personnes qui
l'acceptaient, et ne pouvait pas décrire les attitudes du sous‑groupe
sans doute le plus atteint par les nuisances aéronautiques, groupe dont
l'étude relève sans doute des méthodes ethnographiques, comme par
exemple celle des « tribus » de jeunes banlieusards
anti‑sociaux, du quart‑monde urbain, etc.
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Une
autre dimension de cet effet socio‑urbanistique de la nuisance sonore
constante depuis trente ans semble être, sur un mode analogue,
l'auto-sélection par ce jeu du roulement des départs, des ventes et
rachats et des relocations, d'une proportion anormale de
mal‑entendants, à en juger par leur difficulté de communication au
téléphone (à moins que ceci ne recoupe la remarque précédente, au sujet
du grand nombre de personnes âgées dans certaines communes). Le
hasard a voulu que les premiers entretiens ont eu lieu pendant la grève
d'Air France de juin 1998, et nous nous sommes inquiétés de l'incidence
de cette grève, mais il s'est immédiatement avéré que les personnes
interrogées nous parlaient sur la base de leur expérience de plusieurs
années sous le bruit des avions, en faisant parfois référence à la
grève par des formules qui montraient leur lucidité quant au calme
apparent ce jour‑là : « en ce moment, on les entend beaucoup
moins, mais normalement... », etc.
La grande majorité des trente entretiens ont été cependant effectués
tout de suite après cette grève, ici aussi sans autre incidence que
quelques remarques concernant les seuls avions d'Air France, aux sujet
desquels deux ou trois interviewés croient avoir remarqué que c'est
bien cette compagnie qui vole le plus « la nuit » au dessus
de chez eux.
Le reste du travail de terrain s'est déroulé de façon on ne peut plus classique.
Sur deux points il a été nécessaire d'aménager la commande initiale,
les mesures acoustiques et les cinq questions à fournir pour le sondage
ultérieur ; nous avons abordé ces deux points respectivement aux
§2.1 et au §1.6.
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2.4 Hypothèses a priori
En commençant ce travail, nous nous attendions à voir se répéter un
certain nombre d'attitudes envers le monde sonore que nous avons déjà
pu voir lors de nos recherches par le passé :
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- Le
bruit possède des qualités psychosociologiques spécifiques, celles d'un
exutoire projectif pour toute insatisfaction, d'origine sociale mais
également personnelle. On peut donc s'attendre à une meilleure
tolérance envers le bruit chez les gens « qui vont bien », et
qui en effet encaissent sans sourciller des environnements sonores
déclarés inacceptables par ceux qui vont moins bien, tant au plan des
décibels que des significations ;
- La résidence
secondaire fonctionne comme exutoire contre le bruit de la ville, il
est raisonnable d'estimer qu'elle joue le même rôle concernant le bruit
des avions
- Quand un bruit est source de gêne,
l'amélioration technique de ce bruit peut‑être vécue comme une source
de plaisir : il y a un "bénéfice de gêne" (ex. le métro aérien sur
rails, puis ensuite sur pneus). Est‑ce également le cas pour l'Airbus,
pour l'abandon des Caravelle et du Concorde ?
- Le
silence absolu est pratiquement toujours pris dans la signification de
mort, tombeau : absence de la mère. Mais peut‑être n'y pense t‑on
plus quand le niveau de gêne est trop fort ? Les personnes
soumises aux nuisances des avions prétendent‑elles plus facilement
qu'elles aimeraient « ne plus rien entendre du tout », par
exemple ?
- Un vécu de son quartier en termes
d'historicité personnelle (narcissisme), permet d'accepter la presque
totalité des bruits de l'environnement, la gêne n'apparaît alors que
pour certains bruits techniques intenses, épisodiques, ne participant
pas de cette image de quartier, et la renforçant d'autant plus. Qu'en
est‑il des gens ayant toujours vécu dans l'un ou l'autre des dix sites
d'enquête ?
- La sensibilité aux bruits augmente
avec la fatigue ; incidence possible d'un travail bruyant et de
son cumul avec un environnement domestique bruyant ;
- La
gêne se porte parfois sur les bruits humains, surtout intrafamiliaux.
Dès lors, les bruits anonymes externes sont appréciés pour leur
intensité même, qui permet de les récupérer comme écran contre les
bruits relationnels gênants. Cela est‑il vrai également pour les bruits
d'avions ?
- L'existence de problèmes matériels
aigus, accaparant l'activité psychique, ôte son importance au bruit,
même intense, malgré sa perception effective ("on l'entend sans
l'entendre"). Les chômeurs RMIstes entendent‑ils les avions ?
- Des
bruits techniques, vécus comme intensément gênants en milieu urbain
(tondeuse à gazon) sont très bien tolérés en milieu rural (tracteur),
car ils sont récupérés dans une signification « naturelle »
machine au service de la nature.
- Le degré de gêne
ressentie et/ou exprimée consciemment par les personnes interviewées,
est‑il en relation avec leur attitude générale envers l'aviation ?
Une hypothèse de bon sens voudrait que les personnes qui aiment
l'aventure technique et humaine de l'aviation, dont on vient de fêter
le centenaire, supportent mieux le bruit des avions (voire parfois même
l'apprécient).
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3‑ La structure de l'échantillon et l'incidence des variables sociologiques
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3.1 La structure de l’échantillon
Il va de soi que la représentativité statistique des diverses variables
sociologiques n'était pas recherchée dans une petite étude qualitative
sur trente personnes, où il s'agit surtout de trouver des personnes
ayant quelque chose à dire dans le domaine étudié; cependant
l’équilibre relatif de ces variables parait évidemment souhaitable.
On peut dire que cet équilibre existe grosso modo dans les 30
entretiens effectués : nous avons un peu trop d'entretiens avec des
femmes, mais 8 entretiens de couples; 25 personnes vivant maritalement
et 5 personnes seules ou monoparentales; sauf deux célibataires,
presque tous les interviewés ont eu des enfants, qui dans la moitie des
cas sont encore au foyer; l’âge se distribue de façon très régulière
entre 28 ans et 82 ans, si l'on excepte l'absence de femmes
quinquagénaires. La moitié des interviewés jouit de revenus situés
entre 19 et 26 KF, le quart se situe entre 14 et 15 KF, aux extrêmes
deux personnes se situent au dessus, et trois au dessous de ces
chiffres : l’enquête a donc surtout été acceptée par la classe moyenne,
mais également par 4 ouvriers et 2 cadres supérieurs. Les retraites
sont au nombre de 6, un seul interviewé est chômeur, et 4 sont des
mères au foyer (les 13 autres femmes de cet échantillon travaillent).
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3.2 Le sexe et l’âge (cf. tableau en Annexe, 5.1, p.41)
Ni le sexe, ni l'âge (17 femmes et 13 hommes, âgés de 28 ans a 82 ans)
ne semblent jouer un rôle dans l’expression de la gêne liée au bruit
d'avions, ni quand elle est considérée comme le problème numéro un, ni
quand elle vient en second ou troisième rang. Le sexe et l’âge ne
discriminent pas non plus les autres facteurs de gêne manifeste, ni
dans 1'environnement, ni au niveau social.
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3.3 Le nombre d'enfants (cf. tableau en Annexe, 5.1, p.42)
Il n’est pas impossible que l’expression de la gêne liée au bruit
d'avions augmente avec le nombre d'enfants ; une légère tendance en ce
sens est observable, qui s'accentue si l’on ne tient pas compte des
enfants ayant pris leur indépendance (ceux des personnes âgées de plus
de 60 ans). La tendance parait nette au dessus de trois enfants au
foyer, il s'agit Ià sans doute des ménages à la vie de famille déjà
assez bruyante par elle-même, auxquelles le bruit des avions vient
alors se surajouter.
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3.4 La profession (cf. tableau en Annexe, 5.1, p.43)
Directement en rapport avec les considérations qui précèdent concernant
le cumul de plusieurs gênes sonores, on constate sur les tableaux
d'ensemble que le bruit des avions est considéré comme étant le
problème numéro un par toutes les mères au foyer (5 cas), et par tous
les enseignants (3 cas, travail bruyant). Contrairement a ce que ]'on
pourrait supposer, chez les retraités, qui peuvent quitter librement
leur domicile pour se changer les idées, une seule personne déclare le
bruit d'avions en tant que « problème N°1 », et une seule
autre en tant que « problème N°2 ». II n'y a pas de tendance aussi
claire chez les actifs.
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3.5 Les revenus (cf. tableau en Annexe, 5.1, p.44)
Les revenus, de même que pour l’âge et le sexe, ne semblent eux non
plus jouer de rôle dans l’expression de la gêne liée au bruit d'avions,
que celle ci arrive en première, seconde ou troisieme position (les
revenus s'échelonnent de 4KF/mois (couple de chômeurs en fin de droits)
a 55KF/mois (couple de cadre et prof. libérale).
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3.6 Le type et la taille de l’habitat (cf. tableau en Annexe, 5.1, p.45)
Nous avons 8 entretiens dans des immeubles, 8 dans des maisons de
village et 13 dans des paillions. Une tendance se fait jour dans la
moitie des immeubles et maisons de village, ou l’expression de la gêne
due au bruit d'avions arrive en première position (et, concernant les
maisons, en seconde position dans l’autre moitie des cas) ; dans les
paillions, cette proportion tombe au tiers des cas seulement.
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3.7 Le site d'enquête (cf. tableau en Annexe, 5.1, p.46)
L'incidence importante de cette variable, fortement liée au bruit
objectif, nous a amène à la détailler au chapitre suivant. On peut
constater une nette différence entre la Zone « Orly » et la
zone « CDG » : le bruit des avions est déclare le
problème n°1 à CDG dans la moitie des cas (12 fois sur 22 entretiens),
et une seule fois dans la zone « Orly » (8 entretiens). Ces
chiffres doivent être portés respectivement à 24 et 12, si l’on prend
en compte que le couple Gonesse 02/03 ne déclare pas le bruit d'avion
en position 1 parce qu'ii est tout autant gêné par les voitures, et de
même si l’on considère que le couple VSG01/02 a été gêné toute sa vie
par les avions avant de recevoir une aide de l’ADEME pour
l’insonorisation de son pavillon. On peut encore relever que tous les 4
interviewés de Saint-Mard et 2 sur les 3 d'Iverny se déclarent
fortement gênés malgré l’éloignement de CDG ; cette gêne subjectivement
plus grande que dans les sites objectivement plus nuisancés pourrait
traduire la frustration d'être fréquemment survolés malgré cet
éloignement relatif, contrairement à des communes voisines plus
tranquilles.
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3.8 Les résidences secondaires (cf. tableau en Annexe, 5.1, p.47)
La possibilité de s'échapper en week-end loin des pollutions sonores et
autres liées aux aéroports par la possession ou la disponibilité d’une
maison à la campagne, divise les interviewés en deux groupes presque
égaux (14 ne l’ont pas, et 16 l’ont). Mais cette possibilité ne semble
que légèrement atténuer l’expression de la gêne. Toutes gênes
d'aviation cumulées (bruit et kérosène en première, seconde ou
troisième position), il y a 18 occurrences de ces expressions de gêne
dans le groupe sans possibilité d'évasion à la campagne contre 13 dans
le groupe qui peut partir se déstresser. Cette tendance nous était
apparue plus forte dans d'autres études (études de gêne de voisinage
« moyenne » dans Paris).
Il pourrait ici s'agir d’un problème d'interprétation des réponses, car
des indices donnent à penser que les personnes interviewées et qui ont
la possibilité de « se mettre au vert », si elles souffrent moins
du bruit et de la pollution sur l’année, n’en sont que rarement
conscientes au moment de répondre à des questions portant sur leur
résidence principale. Plus fort, si on effectue la même pondération sur
VSG et Gonesse que pour la variable précédente, il y aurait légèrement
plus de gêne chez les interviewés disposant de maisons à la campagne
que chez ceux qui n'en disposent pas : 17 expressions de gêne pour
16 personnes dans le premier camp, contre 18 pour 14 personnes dans le
second. Comme pour la variable du site d'enquête, il est possible d'y
voir une plus grande frustration subjective et une moindre résignation
dans leur sort chez ceux qui partent souvent en week-end (d'autant plus
que la ré-habituation au bruit est couteuse en stress).
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3.9 L'attitude envers le changement social (cf. tableau en Annexe, 5.1, p.48)
Mis à part le cas d'espèce Gon04, pour lequel le changement social a
été personnellement « bénéfique », aucun des trente
interviewés ne se déclare totalement positif envers le changement
social, cependant 8 peuvent être considérés comme des « positifs
critiques ». Cette variable ne semble vouloir corréler avec aucune
autre (la tendance décelable entre les BEP positifs et les
« positifs critiques » est évidemment une surdétermination, le
changement social entrant dans la composition du BEP).
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3.10 L'indicateur de bien-être potentiel « BEP » (cf. tableau en Annexe, 5.1, p.49)
Cet
indicateur semble encore une fois efficace, puisque 8 personnes au BEP
négatif ou moyen sur 12 déclarent le bruit d'avions en tant que
« problème N°1 », contre 5 personnes au BEP positif sur 18.
En additionnant le bruit et la pollution des trois niveaux, comme
précédemment, on obtient 16 facteurs de gêne aéronautique pour les 12
personnes au BEP faible ou moyen, et seulement 14 pour les 18 personnes
au BEP positif. Ce rapport de 1,3 à 0,7 n’est certes pas spectaculaire,
et constitue une différence remarquable avec ce nous avons pu voir dans
les recherches de gêne sonore dans des immeubles parisiens : dans
une région soumise à des nuisances sonores aussi massives que celles
des avions, le fait d'aller bien dans sa vie que mesure notre BEP
positif n'offre plus la belle protection psychique qu'il donne en
milieu urbain moyennement bruyant (ou la corrélation était très forte).
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4 ‑ Les attitudes des trente interviewés selon les dix sites
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4.1 Bullion
Sigle
Zone |
Type
Habitat |
profession |
Sexe/Age |
N enf |
Revenus
ménage |
Style de
loisirs |
Poss / disp
Rés. Sec. |
Indicateur
B.E.P. |
Bul01 |
Pav 5p |
Inf. chôm |
H/58ans |
3 |
4KF (sic) |
jardin, etc |
Possible |
très négatif |
Bul02 |
Pav 5p |
Tech. retr. |
H/82ans |
2 |
15kf |
jardin, etc |
Non |
moyen |
Bul03 |
Pav 5p |
Employée |
F/62ans |
4 |
20kf |
montagne |
Oui |
positif |
Bul04 |
|
Retraitée |
F/75ans |
2 |
15kf |
sorties Paris |
Non |
positif |
|
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|
|
|
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déclare
PbN°1 |
déclare
PbN°2 |
déclare
PbN°3 |
Att env
aviation gal |
Att env chgt
social |
Représentation actuelle la plus
prégnante |
Exclu soc |
Bruit voisins |
Bruit avions |
positif |
négatif |
Hypersensensible selon voisins |
Éloign.Paris |
Mauv.eau |
kérosène |
indiff |
mitigé |
Regrette les trains |
Absence comm |
sécurité |
Absence animat |
positif |
négatif |
Préfère le centre du village |
L'eau ! |
Abs. animat |
Proj. aéroport |
Craint accididents |
Négatif, repli |
Grand besoin d’animation, Paris |
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Bullion01
L'interviewé est un homme de 58 ans, au chômage depuis quatre ans, et
bientôt au RMI ainsi que sa femme, qui était déjà au chômage avant lui.
Leurs revenus actuels ne sont plus que de l'ordre de 4000 francs par
mois. Ils habitent la « Résidence la Clairière », un quartier
pavillonnaire récent en bordure de Bullion, considéré comme le quartier
modeste de ce village très résidentiel. Cet interviewé manifeste une
sensibilité exceptionnelle au bruit pour un pavillonnaire, et il vit
toujours à la limite du conflit avec ses voisins auxquels il reproche
leurs activités de bricolage et de jardinage, souvent intempestives
selon lui.
Les problèmes d'environnement lui semblent d'abord liés à
l'accroissement de la population et à son taux d'équipement en engins
qui provoquent des nuisances de toute sorte, tels que les tondeuses,
les taille‑haies, les scooters et mobylettes des jeunes qui font des
rodéos traversant le lotissement, surtout la nuit, et même « la
récupération du verre à n'importe quelle heure ». L'accroissement
de la circulation y est directement liée, mais également la dégradation
de la relation parents‑enfants : ce sont les jeunes qui font du
bruit. Mais aussi son voisin, un « brave type, bricoleur de génie,
mais il a un tour de fraisage dans son garage... » Or, il a deux
chambres contiguës avec ce garage ! Lui‑même laisse souvent le
bricolage à cause du bruit qu'il fait. Il était mécano ajusteur au
début de sa vie professionnelle, et considère avoir eu assez de bruit
comme cela dans les ateliers.
je devrai le relancer par deux fois, alors même que des avions nous
avaient survolé, pour qu'il mentionne les survols à l'atterrissage par
vent d'Est comme étant une gêne certains jours ; mais
immédiatement il atténue ce qu'il vient de dire en déclarant que la
situation locale n'est pas comparable à celle, infernale, des habitants
proches d'Orly. Par ailleurs, les beaux avions ne lui déplaisent pas,
il sort parfois les regarder. Leur bruit est moins aigu, moins sifflant
que sur les appareils du passé, parce que les moteurs sont plus
puissants, et tournent plus lentement. Il ne les entend pas quand il
jardine, mais si leur fréquence augmente « je n'en rate pas un
seul ». Il aime bien le Concorde « parce qu'il est
rare ». Il pourrait accepter davantage d'avions, s'ils étaient
plus discrets.
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Bullion02 et 04 (couple) :
L'interviewé est un homme de 82 ans (il n'en fait que 70, et précise
que sa mère en a 102... ). Sa femme ne dira pas le sien (elle est plus
jeune). Ils se sont installés en 1981 à la « Résidence la
Clairière » attirés par les bois, pour y trouver le calme.
Auparavant ils étaient riverains à Chaville d'une ligne à quatre voies
de la SNCF, avec à certaines heures un train toutes les deux minutes.
Le mari était technicien radio, la femme coiffeuse ; ils
perçoivent une retraite de l'ordre de 15 KF. il est très satisfait
d'être propriétaire de son'pavillon de 100m2, avec chauffage au gaz
tient‑il à préciser.
Son père était ajusteur chez Farman à Billancourt ; il a du
arrêter ses études très tôt et se débrouiller dans la vie par ses
propres forces.
Il trouve son quartier tranquille, malgré quelques tondeuses, ainsi que
quelques avions. « Mais où n'y a‑t‑il pas de gêne », demande
t‑il. Ce qui lui pose problème : l'éloignement de Paris, le RER
est à Saint Rémy et ils font 15 km en voiture pour le prendre. Les
dimanches ils s'enhardissent à aller en voiture à Paris pour voir les
musées, les expositions : l'agitation de Paris manque à sa femme,
dont il dit qu'elle a un caractère très différent du sien. Il l'a
rencontrée il y a 50 ans dans le café que tenait sa mère... (enfance
passée au bruit ?).
Elle déclare : « le bruit, ici, c'est moi qui le fais !
le bruit c'est la vie ! ». Elle trouve Bullion un peu morne,
et ne se plaint que des aboiements des chiens. Les avions ne la gênent
pas.
Il se déclare, lui, très sensible aux problèmes de l'environnement et
du bruit, « mais ici heureusement le bruit est faible », sauf
les samedis et dimanéhes où les personnes en profitent pour tondre le
gazon, pour faire des travaux dans leur jardin avec des outils bruyants
« à cause de la mécanisation de nos jours ». Cependant, les
voisins sont très corrects et ne font jamais de bruit inutile et
surtout pas tard le soir. Les relations de voisinage sont très
conviviales, faites d'échanges de services, de prêts d'outils. La
différence d'âge restreint cependant ces contacts.
Quant aux avions, il les entend surtout quand il fait beau, et selon la
direction du vent (Est), mais il ne trouve pas qu'ils posent problème
car « on ne les entend plus à partir de 11 h ou 11 h30 du
soir ». « Cela dépend des pistes d'atterrissage »,
dit‑il. Il craint qu'il y ait davantage de gêne d'avions avec la
déréglementation.
Par ordre d'importance les problèmes d'environnement sont selon
lui : en tout premier,* l'eau (qui est « infecte,
scandaleusement chère » ; pour pouvoir jardiner, les gens
refont des puits... ), puis l'air (le kérosène abîme un peu les
arbres). Le bruit lui semble tolérable par comparaison avec son cousin
de Brie Comte Robert, qui, lui, vit l'enfer entre la Francilienne,
Roissy et le TGV... (mais son cousin ne se réveille plus quand un 747
passe à 50m du toit). « Ça dépend des personnes. Moi c'est depuis
que je suis ici que je peux dormir les fenêtres ouvertes la
nuit ». « Il faudrait être difficile pour ne pas être
satisfait de ce quartier ». Il perçoit cependant très clairement
l'accroissement du bruit dans le temps, au début il passait une voiture
toutes les 5 minutes devant chez lui, maintenant ce sont 5 voitures à
la minute... « Ça c'est dégradé, mais qu'est ce qui ne s'est pas
dégradé ? ».
S'il n'y avait pas d'avions, ce serait mieux, mais il les supporte. Ils
sont gênants au décollage, vers l'Ouest, de gros porteurs passent
parfois à 100m. Exceptionnellement il sort voir les plus bruyants,
« en fulminant ».
Il signale quand même que le dimanche, Paéroclub de Toussus‑le‑Noble
est très bruyant, ces petits avions monomoteurs sont parfois plus
bruyants que certains gros porteurs, et plus longtemps.
Il entend tous les avions, toujours (même quelques avions de chasse)
sans habituation qui fasse filtre. Il n'aime pas trop le voyage en
avion pour lui‑même, à cause du bruit. Les avions et l'histoire de
l'aviation le passionnaient au temps de Mermoz, Védrines et Detroyat,
mais ne l'intéressent plus depuis l'introduction du moteur à réaction,
même Le Concorde ; il s'intéresse surtout aux trains (qu'il
n'entend heureusement plus) : il est abonné à la Vie du raiL Toute locomotive qui passe, il peut en dire le type et la puissance, c'était le seul bon côté de vivre à 10m des voies...
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Bullion03
L'interviewée est une femme de 62 ans, mariée, qui a eu quatre enfants.
Elle est assistante maternelle, son mari est électricien. Ils gagnent
20 KF. Ils habitaient la Résidence la Clairière dans un pavillon de
cinq pièces sur un jardin des 600 mètres carrés. Elle se plaint du
manque de commerçants, des transports, du faible équipement du
quartier... L'endroit manque de vie, « c'est un cadre de vie
tristounet ». La vie y est trop casanière, les contacts avec les
gens ne sont pas satisfaisants, sauf avec quelques voisins directs
qu'ils connaissent parfois depuis 27 ans. Elle se plaint également du
manque de sécurité, du vandalisme, des vois, du manque de tranquillité.
lis habitaient autrefois le grand ensemble de Massy qu'ils ont quitté
pour le cadre campagnard de Bullion. Elle finit presque par regretter
les HLM où « il y avait toutes les commodités ! ». Ils
rêvent de changer leur pavillon contre une maison de ville dans le
vieux village de Bullion même, « malgré la route ». Ce qui,
d'après elle, pose le plus de problèmes dans son quartier ce sont les
chats. Il y a beaucoup trop de chats, « on les retrouve dedans en
rentrant ». Elle ne retrouve rien de son enfance à la campagne, en
Bretagne, où ils étaient 12 à la maison. Ici, c'est « la campagne
pour les riches », Bullion est snob, et tout y est très cher...
Elle ne regrette cependant pas la vie qu'ont eu ses parents, des
fermiers en difficulté financière permanente. Le couple sort souvent,
ils vont marcher, ou ils se promènent en voiture ; ils passent
leurs vacances en Bretagne, où à la montagne. lis disposent d'une
maison en Bretagne. Elle aime le bruit de l'eau qui coule, et elle va
mettre un bassin dans son jardin. Les bruits agricoles sont vivants,
ditelle. Elle donne beaucoup d'importance aux bruits, qui sont
« très gênants ». Mais le silence, trop de calme est gênant
également, il lui faut le bruit de fond de la vie humaine, dit elle.
Les corbeaux lui rappellent les champs de Bretagne. Le quartier est
calme, « sauf quelques avions ». Les voisins sont tous
d'accord pour restreindre le bruit, car les pavillons jumelés ont des
problèmes (entre les numéros 17 et 18 par exemple). Heureusement,
eux‑mêmes ne sont pas bruyants, dit‑elle.
Les avions produisent un grondement quasi permanent, mais pas gênant.
Le vrai problème c'est l'obsession du voisin mitoyen (l'interviewé
Bullion01), « qui ne supporte pas les chiens, d'ailleurs il ne
supporte rien ». Les mobylettes la dérangent davantage que les
avions. Mais par temps très sec on les entend fort. À table, ils
dérangent lors des repas des week‑ends dans le jardin. Ce sont les
décollages qui sont bruy ants, ils décollent exactement sur Bullion. On
les voit du jardin, ils passent près. Ils sortent dans le jardin pour
regarder quand le Concorde passe. Ils trouvent que le bruit des avions
a changé, ils sont aujourd'hui moins bruyants qu'au temps des
Caravelles. Cela est dû à la technique, au progrès des moteurs. De
façon générale ils supportent bien les avions, et parfois ne les
entendent plus, mais quand ils passent trop bas « on les entend
toujours ! »
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4.2 Villeneuve St Georges
Sigle
Zone/N° |
Type
Habitat |
profession |
Sexe/Age |
N enf |
Revenus
ménage |
Style de
loisirs |
Poss / disp
Rés. Sec. |
Indicateur
B.E.P. |
VSG01 |
Pav 4p |
Retr. Bât |
H/72ans |
2 |
25kf |
Mais. campagne |
Oui |
Positif |
VSG02 |
Pav 4p |
Retr. compt. |
H/74ans |
2 |
25kf |
Montagne |
Oui |
Positif |
VSG03 |
Pav 8p |
Retr Banque |
F/65ans |
2 |
20kf |
Pêche, chasse |
Non |
Positif |
VSG04 |
Coll.Std. F5 |
Retr Mairie |
F/71ans |
1 |
25kf |
Mer |
Oui |
Positif |
|
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|
|
|
|
|
déclare
PbN°1 |
déclare
PbN°2 |
déclare
PbN°3 |
Att envers
l'aviation en gal |
Att envers le chgt
social |
Représentation actuelle la plus
prégnante |
Avions: fini |
sécurité |
Santé |
Négatif sur VSG |
Nég., civisme |
ADEME leur a isolé leur pavillon |
Avions: fini |
qualité de vie |
sécurité |
Les débuts |
Nég., vols |
OK depuis début 1998 |
Air, kérosène |
Bruit avions |
Circul. auto |
Indifférence |
mitigé |
Insist. sur décote de 20% |
Bruit avions |
Bruit RN6 |
Bruit train |
Les débuts |
Indifférence |
Av. seraient plus supp. si voyages |
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VSG011/02 (couple).
Ce
couple de retraités de 72 et 74 ans habite un étage de quatre pièces
d'un grand pavillon en copropriété, depuis leur mariage il y a 60 ans.
Le mari avait pris la tête de l'entreprise de bâtiment de son
père ; ils sont tous deux des villeneuvois de toujours, ainsi que
leurs enfants. Ils ont souffert du bruit des avions presque toute une
vie, mais viennent d'obtenir des fenêtres isolantes de PADEME, en
février 1998. Ils déclarent que cette isolation est efficace à 80%, et
même qu» il y a moins d'avions », ce qui nous paraît être
davantage un effet subjectif de la récente isolation plutôt qu'une
réalité du trafic... Ils disent que Villeneuve Saint‑Georges a
beaucoup changé, les enfants ont tendance à partir, et ils lient ce
fait à l'insécurité et l'appauvrissement de la ville. Ils sont moins
satisfaits de Villeneuve SaintGeorges qu'autrefois ; il y a trop
de cambriolages. La police ne fait rien. Autrefois « La
Passerelle », où ils habitent, c'était le quartier résidentiel,
« il arrivait qu'on parte en vacances en laissant les portes
ouvertes ». Les seules personnes qu'ils fréquentent maintenant
sont quelques vieilles familles, amies de longue date. lis ont une
résidence secondaire à 80 km, mais ils ne voient pas de lien avec la
possibilité qu'elle leur offre d'échapper au bruit des avions. Aucun
bruit à la campagne n'est gênant, y compris les tracteurs. Le bruit
n'est plus un problème du tout, depuis l'isolation acoustique, et même
quand ils ouvrent les fenêtres désormais l'ambiance sonore leur semble
plus supportable. Les avions seraient non seulement moins nombreux
( ?), mais aussi « plus silencieux, on ne peut pas les
comparer à il y a une quinzaine d'années ». Par ailleurs, ils
« ont l'habitude », et ils ne travaillent plus, et « on
supporte mieux quand on n'est pas stressé par le travail ». Le
bruit « porte sur les nerfs, sur la santé c'est moins sûr ».
Les avions ont selon eux diminué en nombre depuis l'ouverture de la
dernière piste de Roissy, il y a cinq ou six ans. « Avant, quand
on était dehors on ne s'entendait pas parler... quand les enfants
étaient jeunes, on ne pouvait pas manger dehors ». A Villeneuve
Saint‑Georges, ce sont les décollages qui sont le plus gênants,
« c'est plus long ». Ils les voient facilement, « ils
passent au dessus de la maison ». Actuellement, il est devenu
possible de suivre une conversation dans la rue, les moteurs ont
changé. Ils ne pensent pas au type d'avion, sa destination, ses
voyageurs ou sa cargaison : « les avions ne font pas
penser ». Le Concorde ne passe jamais, ils ont du le voir deux
fois dans leur vie. Quant à échanger son bruit contre le grondement
permanent de Villeneuve SaintGeorges, contre six Concorde par jour, ils
s'estimeraient gagnants ; mais, réalistes ils disent que
« six Concorde ce n'est pas beaucoup », en termes de
transport. Les petits avions des aéroclubs n'ont pas le droit de
survoler Villeneuve Saint‑Georges (à quelque chose malheur est bon).
Ils estiment en conclusion que la solution au bruit des avions est
l'isolation acoustique des logements, comme chez eux. |
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VSG 03
L'interviewé
est un homme de 65 ans, retraité de la banque ainsi que sa femme, et
père de deux enfants. Il habite un pavillon dont le jardin fait 250 M2,
directement sous la trajectoire des avions. Ses parents étaient
douaniers, ceux de sa femme travaillaient à la SNCF. Il n'a pas de
maison de campagne. Il me reçoit la porte ouverte pour que le
magnétophone enregistre bien chacun des avions qui vont passer. Sa
préoccupation essentielle est de trouver le calme, la sérénité :
il y a trop d'avions et trop de voitures. La RN 6 traverse Villeneuve
Saint‑Georges. Sa propre rue est un peu moins bruyante maintenant
qu'elle est en sens unique, mais son passage est encore important.
Il habite Villeneuve Saint‑Georges depuis 45 ans, le pavillon
appartenait à sa belle famille. Il dit y avoir ses racines, même si son
enfance s'est déroulée à Valenton, qui jouxte Villeneuve SaintGeorges,
les avions étaient déjà une nuisance, bien que moindre que la RN6. Il
est attaché à cette banlieue, décrite par René Fallet, « une
peinture de la société de l'époque ».
Les avions sont donc le problème principal de son existence, malgré
l'isolation acoustique qu'il a fait réaliser il y a trente ans déjà
(plus tard cette isolation a été complétée par PADP et l'ADEME). Le
bruit est insupportable au dehors de cette maison isolée, et réduit à
néant les avantages de la vie pavillonnaire, le jardin n'étant plus un
espace d'agrément. Le kérosène empoisonne les légumes, les salades.
« On ne s'est jamais trop penché sur le sujet je crois, parce
qu'on ne veut pas affoler certainement les populations, mais je pense
que si un jour on faisait une étude très sérieuse, on serait peut‑être
très surpris ». Il connaît bien les différents avions, et leur
bruit caractéristique. Le trafic aérien augmente, les Airbus ont
apporté une légère amélioration au plan du bruit, mais les avions
tapent sur les nerfs. Le Concorde est magnifique, mais extrêmement
bruyant. De même que les chasseurs, les 14 juillet.
Le bruit des avions finit par susciter localement une mutation sociale,
de plus en plus de gens quittent la région, et ils tendent à être
remplacés « par des populations à problèmes ». L'immobilier
perd de sa valeur, un très grand nombre de pavillons sont en vente,
mais la réputation de Villeneuve SaintGeorges (avions, bouchons, bruit,
pollution) provoque une chute de l'ordre de 20%. A part les avions, et
en dehors de toute considération politique, précise‑t‑il, ce qui pose
problème à Villeneuve Saint‑Georges ce sont des bandes de jeunes qui
parfois font du bruit une partie de la nuit durant. Une place proche du
pavillon de l'interviewé semble être devenu le lieu de réunion nocturne
de ces bandes de jeunes, qui crient, hurlent, sans que la police
intervienne. Perte de civisme, et « faiblesse pour appliquer le
droit. »
Le souvenir marquant de son enfance est le bombardement aérien d'avril
1944, dans lequel il perdit un certain nombre de copains d'école :
déjà un traumatisme lié aux avions ! Il en parle de façon
détaillée, faisant soigneusement la distinction entre les pilonnages
massifs des américains et les destructions ciblées des anglais.
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VSG04 :
L'interviewée
est une femme de 71 ans, mariée, dont la fille de 48 ans est, elle
aussi, exposée aux bruits des avions dans la région de Roissy. Elle a
travaillé comme secrétaire à la mairie, son mari était pharmacien.
Leurs parents étaient du même milieu social. Son mari âgé, actuellement
placé en cure de long séjour, est devenu sourd assez tôt. Ils ont des
revenus de l'ordre de 25Kf. Elle habite un immeuble moderne d'une
dizaine d'étages exposé autant au bruit des avions qu'à celui des
trains. Elle y habite depuis 1965, « à l'époque les avions
passaient plus loin ». La modification des axes des pistes les
amena au dessus de leur immeuble en 1974. Auparavant elle a vécu dans
une commune voisine survolée par les avions, où les avions à hélice ne
l'avaient jamais gênée : la gêne, ce sont davantage les réacteurs
que l'accroissement du trafic aérien, surtout au décollage. Elle
apprécie depuis peu l'angle accru au décollage pour diminuer le
bruit... Le bruit des avions est un gros handicap pour Villeneuve
Saint‑Georges « parce que les gens n'ont plus pu faire construire,
on avait le droit d'acheter et de modifier du vieux mais plus de
construire du nouveau, donc les gens sont partis plus loin. Mais petit
à petit ils ont été remplacés par des populations, disons, plus
difficiles ». « Villeneuve Saint‑Georges était autrefois une
ville très commerçante, très vivante, maintenant deux commerces sur
trois sont fermés. Nous avons eu tous les inconvénients et aucun
avantage, les avions ne nous ont rien apporté », contrairement à
Villeneuve le Roi, plus nuisancé, et qu'ADP selon elle « a donc
muni de grosses ressources ». Villeneuve Saint‑Georges est devenu
une commune pauvre avec une population à problèmes, et des impôts très
élevés compte tenu de l'environnement très médiocre. La RN6 et le
train, qui passent tous deux devant l'ancienne pharmacie de son mari,
font un tel bruit qu'il n'y entendait pas les avions, et elle se
demande si cela n'a pas précipité sa surdité. On n'est donc pas très
étonné que l'important pour elle ce soit « le calme et la
tranquillité ». Elle plaint les gens de Roissy, « qui ont des
avions même la nuit », mais considère qu'ils savaient ce qu'ils
faisaient en allant y vivre puisque l'aéroport y a précédé
l'urbanisation, contrairement à la région d'Orly. Son pied à terre à
Trouville lui sert heureusement pour y retrouver le calme, « je me
vidais la tête complètement ». Le bruit de la tempête en mer n'est
pas gênant, ni aucun bruit naturel. Ce sont les bruits de moteurs qui
la gênent, même ceux des engins agricoles : le seul bruit
désagréable à Trouville c'est celui de l'entretien des pelouses et des
haies avec des outils motorisés, « on ne sait plus rien faire sans
moteurs, maintenant ! » Elle s'en veut d'être assez bruyante
elle même, « je suis assez vive ». Son souvenir marquant
est un souvenir de guerre. Elle habitait Le Creusot, qui fut très
bombardé. Elle se souvient du bruit terrible d'un gros bombardement, à
la suite duquel sa famille partit vivre à Villeneuve Saint‑Georges...
qui en avril 1944 fut lui aussi bombardé. Une nuit sur deux, la nuit
passée la cave, la peur, le froid, la faim : « J'entendais
les moteurs d'avion avant tout le monde... »
Entre neuf et dix heures, on ne peut pas écouter la télévision, elle se
réfugie de l'autre côté de son appartement. Pourtant ce n'est plus le
bruit des Caravelle, les moteurs ont fait beaucoup de progrès, et
surtout « les procédures » témoignent du souci de moins gêner
les riverains. Elle se souvient du temps où elle avait commencé à
voyager en avion avec son mari, « j'adorais me sentir décoller,
cette poussée » ; elle a remarqué qu'à leur retour elle
tolérait beaucoup mieux le bruit des avions à Villeneuve Saint‑Georges.
Elle a dit à ce sujet à son mari que, pour diminuer les plaintes, les
gens de l'aviation « devraient offrir à tous les riverains au
moins un voyage par an ».
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4.3 Gonesse
Sigle
Zone/N° |
Type
Habitat |
Profession |
Sexe/Age |
N enfants |
Revenus du
ménage |
Style de
loisirs |
Poss / disp Rés. Sec. |
Indicateur BEP |
Gon01 |
HLM F4 |
Au foyer |
F/47 veuve |
3 |
10 kf |
mots croisés |
Possible |
moyen |
Gon02 |
Mais vill 4p |
cuisinière |
F/41 ans |
5 |
23 kf |
Guinéé |
Non |
positif |
Gon03 |
Mais vill 4p |
Infirm. psychiatr. |
F/37 ans |
1 |
25 kf |
mer, équitation |
Oui, montagne |
positif |
Gon04 |
Mais vill 4p |
éducat. sportif |
H/37 ans |
1 |
25 kf |
ski, mer |
Oui, montagne |
positif |
|
|
|
|
|
|
|
|
déclare
PbN°1 |
déclare
PbN°2 |
déclare
PbN°3 |
Env |
Env chgt
social |
Repr actuelle la plus
prégnante |
Br. avions |
Bndieunes |
Propr, sécu |
Cr. accid |
Nég, chôm |
Survols tombe mari |
sécurité |
Br. avions |
Pl. des vois |
Utile ss |
bénéfique |
Impens. rejetter bruit |
Bruit en gal |
Quai. eau |
Civisme |
mitigée |
Pos, crit |
Atteriss + bruyants |
Bruit en gal |
Br circul |
Trav bruy |
Positif |
Pos, crit |
TBisol acstq = supptble |
|
|
|
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Gon01
L'interviewée
est une femme de 47 ans, mère de trois enfants, récemment devenue
veuve. Elle habite un F4 dans un bloc HLM situé dans un beau parc. Elle
est mère au foyer (ancienne vendeuse) et son niveau de revenus et de
l'ordre de 10 KF. Son mari était dépanneur d'engins de chantier. Elle
peut aller à la campagne, dans de la famille. Ses parents étaient de
condition modeste, comme elle. Sa première préoccupation est la
tranquillité et la propreté : son HLM est en effet très dégradé,
au point qu'elle apprécie d'habiter le 4ème étage « qui est assez
tranquille », par rapport à l'insécurité du rez de chaussée. En
deuxième lieu elle se plaint des avions, qui la gênent pendant la
journée. Le problème de son quartier, selon elle, est donc la gêne des
avions le jour et celle des bandes de jeunes certaines nuits. A part
cela elle apprécie de vivre dans la verdure, « je m'y plais
beaucoup, on a de la chlorophylle, ici, on n'est pas trop dans le
béton ». Elle habitait à Sannois il y a vingt‑cinq ans, c'était
encore un petit village, une autre époque ; elle s'est installée à
Gonesse à cause du travail de son mari : « au début c'était
bien ici, il y avait une convivialité, ça empire petit a petit ».
Elle est tentée de partir à cause du niveau qu'atteint désormais le
vandalisme dans le quartier : avec l'état dans lequel est
l'entrée, elle a un peu honte de recevoir des invités. Mais elle
« tient à cet endroit », pour y avoir vécu avec son défunt
mari et ses enfants, dont le premier vient de quitter la maison. Un F4
dont elle dit qu'il est spacieux, avec sa loggia. Elle connaît les
voisins depuis plus de vingt ans, qui sont très calmes. Elle ne sort
que rarement, « à cause des distances », elle est casanière.
Le bruit en général est gênant pour elle, mais n'est pas plus important
que les autres problèmes, bien qu'il ait beaucoup augmenté : le
nombre de vois s'accroît en permanence. Les bruits gênants sont les
bruits techniques, ainsi que ceux de voisins trop différents
(asiatiques), mais elle aime bien un orage à la campagne, un fond
sonore de vent dans les branches.
Les avions sont par moments assez gênants pour qu'elle n'entende pas sa
télévision, surtout aux décollages. « Quand le Concorde décolle,
on l'entend ! » Elle aime bien voir les avions, elle va au
salon du Bourget, « les voir faire des loopings, des figures.
C'est la technique, c'est le modernisme, c'est beau quoi. » Elle
connaît St Ex, Hélène Boucher... Le bruit des avions n'a pas
changé ; parfois des visiteurs lui font remarquer le bruit qu'elle
n'entend plus elle même, trop affairée. Mais rien ne l'empêche d'ouvrir
la fenêtre, même le Concorde... « ça dure une minute, ça n'empêche
rien du tout. On les entend davantage le soir, parce que le bruit
ambiant est moindre ». Cela la dérange davantage qu'ils passent
toutes les 30 secondes exactement sur le cimetière de Gonesse, où est
enterré son mari, et, concernant les vivants, elle dit :
« l'hôpital à côté, qu'est ce qu'il doit prendre ! ».
Elle se souvient de l'accident du Tupolev sur le Tillay, qui est
rattaché à Goussainville. Elle même n'a pas peur, mais dans le quartier
il y a beaucoup de gens qui craignent un nouvel accident.
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Gon02
L'interviewée
est une femme africaine de 41 ans qui a eu cinq enfants, dont trois
sont nés à Gonesse. Elle est cuisinière pour les cantines
scolaires ; son mari est menuisier ; ils gagnent 23 KF par
mois environ. lis habitent une maison de ville de quatre pièces avec un
jardin de 100 M2. L'important pour elle c'est d'abord la sécurité, car
elle a été récemment victime d'un cambriolage. Également le bruit, mais
il est beaucoup moins important que la sécurité. Auparavant ils
vivaient à Paris dans le 11 ème ; ils sont partis à Gonesse pour
devenir propriétaires (il leur reste neuf ans à payer). Ils sont là
depuis une dizaine d'années, ils ont une bonne entente avec les voisins
mais ils trouvent qu'il y a trop d'enfants trop bruyants. Leurs fêtes
familiales sont parfois bruyantes mais elle dit que les voisins font
des fêtes également... Elle a vécu dans sa Guinée natale ju~que à l'âge
de vingt deux ans, puis elle est partie à cause du régime politique de
Sekou Touré. Maintenant que le régime a changé, le projet du couple est
de rentrer en Guinée pour s'y installer, et le mari menuisier construit
actuellement une maison en Guinée dans ce but. Ses enfants préfèrent
rester en France, et elle espère qu'ils trouveront du travail. Elle a
commencé depuis 4 mois un travail à l'éducation nationale comme
cuisinière, où elle trouve que pour l'instant l'ambiance est bonne.
Le bruit des avions lui paraît relativement supportable à Gonesse, si
elle le compare à celui que supporte sa cousine à Goussainville. Les
avions sont difficiles à supporter le soir et la nuit, surtout en été.
Les atterrissages sont plus pénibles que les décollages, « c'est
quand il descend qu'on l'entend vraiment beaucoup ». Elle ne sait
pas si le bruit des avions a changé. Elle pense que le bruit des avions
n'a pas d'influence sur sa santé. Le couple prend l'avion tous les ans
au moins pour se rendre à Conakry, l'avion est le cordon ombilical qui
les relie à leurs origines et leur permet de supporter une vie
difficile en France. Elle supporte plus ou moins bien les voyages, elle
dit que 6 heures d'avion c'est long. Le Concorde fait beaucoup de
bruit, tout le monde sait que c'est lui qui passe, et il passe souvent.
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Gon03/04 (couple)
Le
mari et la femme de ce couple ont tous deux 37 ans. Ils ont eu une
petite‑fille de trois ans. Ils habitent une maison de ville au centre
de Gonesse, avec un jardin de 800M2 en cœur d'îlot. Il est éducateur
sportif, et elle est infirmière psychiatrique sur Paris. Leurs revenus
sont de l'ordre de 25 KF. Le plus important pour eux c'est la famille,
la santé, le cadre de vie. Le bruit des avions fait problème dans leur
vie actuelle. La circulation également est pénible, le bruit est
cependant tolérable à cause de l'isolation des fenêtres. Il a toujours
habité Gonesse avec ses frères, qui vivent dans le même immeuble, ils
habitaient autrefois juste de l'autre côté de la place, et n'avaient
alors que le bruit des avions du Bourget : c'est avec Roissy que
les choses se sont nettement aggravées. Il regrette la perte de l'eau
de source de Gonesse, si excellente que la firme Schweppes était venue
s'y installer. Désormais ils boivent l'eau du réseau, beaucoup moins
bonne. Elle vient de Neuilly sur Marne, où elle vivait dans l'ensemble
« Les esplanades », « des tours très réussies » et
qui semblent l'être resté. Elle est moins satisfaite de son quartier
que lui, dont c'est le quartier d'enfance, Gonesse est une ville
désagréable à cause de sa circulation et de son manque d'espaces verts,
dit‑elle. Dans l'idéal ils préféreraient vivre à la campagne mais pas
trop loin de la ville. Pour les vacances ils vont souvent à la mer et à
la montagne, ils ont un studio pour les sports d'hiver. Dans la nature,
la pluie, l'orage, « c'est le bruit de la vie », et les
machines agricoles ne les gênent jamais à la campagne. Le changement
social est très rapide, « la société change à vue d'œil, mais on
s'adapte ». Le bruit du tonnerre et des avions fait parfois peur à
la petite‑fille de trois ans. lis ne trouvent pas qu'il y ait davantage
de bruit qu'autrefois. Lui a un travail bruyant (piscine), et se
demande s'il n'a pas une perte d'audition. Les jeunes font exprès de
faire du bruit avec les mobylettes sur la place devant la maison. Elle
supporte mieux le silence que lui, qui a besoin d'une dose de fond
sonore. Concernant les avions, elle dira que « le soir quand
il fait chaud, on ne peut pas ouvrir les fenêtres, ce n'est plus
possible ». Les week‑ends les avions passent parfois toutes les
trente secondes et au minimum toutes les trois minutes. Elle ne perçoit
pas de différences entre les décollages et les atterrissages ; lui
si, il trouve qu'en phase d'atterrissage on les entend davantage. On
les voit facilement de chez eux, même les phares d'atterrissage les
dérangent (surtout l'enfant). Ils ne sortent jamais les voir ; il
trouve que le bruit des avions a diminué : « les hélices
étaient plus bruyantes, elles avaient une autre sonorité ». Il
arrive qu'ils n'entendent plus le bruit à cause de leurs activités. Les
avions les dérangent parfois pour regarder la télévision (son). Ils
pensent que le bruit des avions à une influence sur la santé au plan
psychologique. Le Concorde est magnifique, il passe tous les jours à
1lh30, il est très bruyant mais c'est la technologie française, et le
progrès, et sur Gonesse heureusement il est déjà haut. Il ne
connaissent pas du tout les différents avions. « Les avions
d'aéroclub, c'est pas la même chose, c'est une passion ! »
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|
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4.4 Goussainville
Sigle
Zone/N° |
Type
Habitat |
profession |
Sexe/Age |
N enfants |
Rev mens. du
ménage |
Style de
loisirs |
Poss / disp
Rés. Sec. |
Indicateur
BEP |
Goussvill01 |
Pav 5p |
Ouvrier |
H/62ans |
2 |
10kf |
Trav dom |
non |
négatif |
GoussviII02 |
Pav 6p |
Tech.santé |
F/35ans |
2 |
14kf |
montagne |
trop loin |
positif |
|
|
|
|
|
|
|
|
déclare
PbN°1 |
déclare
PbN°2 |
déclare
PbN°3 |
Att. envers
aviation en général |
Att. envers le changement
social |
Représentation actuelle la plus
prégnante |
Br. avions |
Air, kérosn |
Eau |
Spect. pos |
Négatif, repli |
Aucune info indemnisation |
Sécurité, |
Bruit avions |
kérosène |
positif |
Négatif, civisme |
Tracteur en vacances insupp |
|
|
|
|
Goussvill01
L'interviewé
est un retraité de 62 ans, marié et père de deux enfants, mariés
eux‑mêmes. Il est grand père de 4 petits‑enfants. Il habite un pavillon
de 5p avec un petit jardin, dont il a fait lui‑même tous les travaux à
partir de 1971, pavillon qu'il a racheté à un ami après l'accident du
Tupolev, tombé précisément à cet endroit (l'école Pasteur) :
plusieurs habitants sont partis vivre ailleurs, ne supportant plus ce
souvenir. Il était chauffagiste, sa femme agent d'entretien, leurs
revenus sont de l'ordre de 10 KF mensuels. Le plus important pour lui
c'est le bruit, ensuite l'air pollué par les avions, et l'eau. Il est
né en Italie, au Nord de Venise, et il y a vécu jusqu'à 19 ans, âge
auquel il est venu travailler en France, en 1955. Devenu retraité, il
n'a plus une minute de temps libre : « je fais tout. le fais
le manger, je fais la lessive, je fais la peinture, tout ! je fais
tout, comme ça on est tranquille ». lis ne partent jamais en
vacances, ni en week‑end ; ils n'ont aucun endroit où fuir le
bruit des avions : « on dit souvent qu'on s'habituer. Ce
n'est pas vrai ! On ne s'habitue jamais. » Il trouve que le
bruit « c'est pareil depuis vingt ans ». C'est surtout grave
le soir à partir de 19h. Il ne parvient pas à imaginer comment serait
sa vie si son logement était totalement silencieux. Les décollages sont
beaucoup plus bruyants que les atterrissages, et parfois c'est toutes
les deux minutes. S'ils passent très bas, ils empêchent de suivre une
conversation dans son pavillon. lis le réveillent vers 5h30 ou 6 heures
du matin, et l'empêchent de s'endormir le soir. Il n'a jamais pris
lui‑même l'avion ; il n'entend aucune différence dans leur bruit
depuis vingt ans. Le Concorde : « Ne m'en parlez pas 1 C'est
la belle bête mais alors... C'est strident mais bref. Ça bouge le
cœur »... La seule solution, c'est qu'il n'y ait plus aucun avion.
Les petits avions des aéroclubs gênent beaucoup moins, ils les
appellent « avions à pédales », parce qu'ils passent très
lentement. Les avions à hélices sont presque aussi bruyants que ceux à
réaction. La peur des accidents est restée vivace dans ce quartier, où
l'on connaît par cœur leur liste complète depuis la chute du Tupolev.
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Goussvill02
L'interviewée
est une femme de 35 ans, mariée et mère de deux enfants, technicienne
en milieu hospitalier, habitant un pavillon de 6 pièces avec un jardin
d'environ 600M2. Le mari est chauffeurlivreur. Leurs revenus sont de 14
KF. L'ambiance est sécuritaire dans ce pavillon gardé par un chien très
efficace. L'interviewée pratique le judo, et déclare que sa
préoccupation n"I est la sécurité ; en second lieu seulement elle
se plaint des avions : le ménage est en train d'isoler la maison
contre le bruit. L'air sent le kérosène, il y a un dépôt de gras sur
l'eau ; sa famille boit de l'eau en bouteille. Concernant
l'environnement, elle estime que le problème le plus grave c'est le
bruit des avions « parce que l'insécurité c'est
partout ! ». Sa maison n'aura pas droit aux aides à
l'isolation acoustique, car ils n'ont acheté qu'en 1984. « En 1984
il y avait beaucoup moins de bruit que maintenant, c'est devenu
dramatique ! », et c'était plus facile de supporter le bruit
« quand on était jeunes, on avait vingt ans ». Lors de la
grève d'Air France, elle s'est aperçue que c'est cette compagnie qui
selon elle fait le plus de bruit : « les avions qui décollent
très très haut ne posent pas de problème. Ceux d'Air France sont
beaucoup plus lourds, ils ont plus de mal à décoller ». Elle est
arrêtée pour maladie en ce moment, et constate la différence d'ambiance
sonore avec une semaine normale : « Ça va quand on travaille,
bon les week‑ends on s'en accommode, mais là je trouve ça très
pénible ! » Sinon, le quartier et les voisins sont agréables,
l'insécurité proviendrait des collectifs dans Goussainville. Le
bruit des chiens, le leur et ceux des voisins, est un bruit
relativement positif puisqu'il signifie que le quartier est bien
surveillé malgré le bruit des avions qui peut fournir un écran
acoustique à celui des agressions et de l'insécurité.
« Le plus dur à supporter c'est le retour des vacances, il faut se
réhabituer, quoi. De ce point de vue là, je préfère encore le
Concorde. » Cependant, le souvenir marquant de son enfance au
Tillay c'est l'accident du Tupolev, qui a coupé en deux la maison en
face de chez elle... Un vieux voisin garde la mémoire de tous les
accidents aériens depuis l'avant guerre. « Quand je raconte aux
gens que j'habite près de l'aéroport de Roissy, que j'ai le TGV qui
passe, et la Francilienne en plus, il me disent que je suis folle
d'habiter là ! » Le couple s'est donné deux ans pour observer
l'évolution du trafic aérien et partir éventuellement dans l'Oise,
malgré l'éloignement de leur lieux de travail et les frais de transport
que cela entreinerait. Ils envoient les enfants le plus souvent
possible chez leur grand‑mère à Perpignan « et on doit les mettre
sur l'avion à Orly, c'est un comble ! » Les bruits de la
campagne ou de la nature, même violents, nela gênent pas, mais un
tracteur à 4 heures du matin certainement (c'est le cas dans les
faubourgs de Perpignan... ) Elle avait d'ailleurs une volière de
tourterelles : le voisin s'est plaint de leur bruit, elle a du
prendre un lapin Le silence « c'est bizarre », car elle a du
bruit à son travail et du bruit à la maison, « mais ça serait
agréable de temps en temps ». Pourtant, elle n'aime pas le
silence, angoissant ainsi que la solitude, et elle « allume la
télé tout le temps », mais si c'était totalement silencieux, ce ne
sont pas les avions qui lui manqueraient, mais bien le bruit des
enfants, celui de la vie.
Les avions sont le plus gênants « quand ils font leurs essais de
réacteurs, et qu'on essaye d'écouter la télé ». La différence est
très nette entre les atterrissages et les décollages : elle
préfère les atterrissages, car les avions sont plus visibles, et ils
font moins de bruit. Les décollages seraient supportables « s'ils
décollaient un petit peu plus haut, comme le Postal, il me dérange
pas. » Cette préférence n'est pas due au fait que le Postal est un
avion à hélices, mais au fait qu'il « prend beaucoup plus
haut ». Le bruit des avions a changé, mais en mal : « il
est plus fort, il est plus lourd, plus grave, il dure plus
longtemps ». Ni elle ni son mari n'ont jamais pris l'avion, même
pour Perpignan. Pourtant, « l'aviation est une belle chose ».
« On le prendra bien un jour, l'avion. On ira au Canada ».
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4.5 Iverny
Sigle
Zone/N° |
Type
Habitat |
Profession |
Sexe/Age |
N enfants |
Revenus du
ménage |
Style de
loisirs |
Poss / disp Rés. Sec. |
Indicateur BEP |
Iverny01 |
Maisvill 6p |
Techn Citroën |
H/37 ans |
2 |
26 kF |
voyages |
oui |
Très pos. |
Iverny02 |
Maisvill 6p |
Secr. mairie |
F/42 ans |
2 |
24 kF |
Andalousie |
non |
positif |
Iverny03 |
Maisvill 5p |
comptable |
F/33 ans |
2 |
26 kF |
sorties ds région |
parents |
positif |
|
|
|
|
|
|
|
|
déclare
PbN°1 |
déclare
PbN°2 |
déclare
PbN°3 |
Att. env
aviation gal |
Att. env chgt
social |
Représentation actuelle la plus
prégnante |
Br. avions |
Br. chiens |
Air (odeurs) |
Les débuts |
Mitigé ambigu |
Très informé sur PGS |
Br. avions |
Br. en géneral |
Charges foncier |
Utile sans + |
Posit, crit |
Où va l'argent d'ADP ? |
Camions |
Br avions |
Br voisins |
indiff |
négat, dégrad |
Augment constante de tous bruits |
|
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Iverny01
L'interviewé
est un homme de 37 ans, marié et père de deux enfants, vivant dans une
maison de village au centre d'Iverny avec un jardin d'environ 600
mètres carrés. Il travaille comme technicien de logistique chez
Citroën, sa femme comme laborantine ; ils ont un niveau de revenus
de 26 KF. Il est conseiller municipal, et s'occupe du comité des fêtes
de ce village de 400 âmes. Ce qui est important pour lui, c'est d'abord
la famille, ensuite le cadre de vie, le travail, les amis. Rien, selon
lui, ne fait problème dans cet endroit, où ils ont acheté il y a huit
ans, et où il se sent plutôt bien. Il se déclare sensible aux questions
d'environnement et « pas trop mai loti ». Ce n'est qu'ensuite
seulement qu'il aborde le problème des avions, qu'il relativise en
disant que Roissy était là avant eux, « on a acheté notre maison
en connaissance de cause ». Ils ne sont jamais contents de voir
des avions passer au dessus d'eux, surtout quand ils essayent de
profiter du jardin, mais la gêne n'est pas tant liée à la quantité
d'avions qu'à certains survols à basse altitude : ils n'ont pas
« vraiment vu la différence » lors de la grève d'Air France.
Le choix du logement s'est décidé sur la base de sa localisation
intermédiaire entre les lieux de travail des deux conjoints (entre
Meaux et Aulnay sous Bois). ils ont vécu deux ans à Meaux en HLM
auparavant, dans un quartier « qui n'a pas forcément très bonne
réputation ». Ils espèrent trouver une maison encore plus
intéressante dans le village même, et restent aux aguets des occasions
qui se présentent. Il a refusé une mutation à Vélizy, intéressante au
plan du salaire, pour rester vivre à Iverny. Il pourrait échapper aux
avions en se mettant aux vert chez ses parents dans le Nord, mais il
précise que le bruit n'est pas si gênant qu'ils doivent en arriver là.
Il ne se rend de dans cette maison que pour des fêtes de famille.
Le bruit, il le supporte difficilement mais ce n'est pas tellement
celui des avions que le bruit des chiens des voisins. Pourtant les
avions, dit‑il, sont surtout gênants aux décollages par vent d'Est,
quand il fait beau : c'est quand ils sortent dans le jardin !
La plupart du temps les vents sont de l'Ouest et les avions ne les
survolent qu'à l'atterrissage, ils sont moins bruyants (ce serait 80%
du temps). Le bruit des avions selon lui n'a pas vraiment changé ;
et quelle que soit son activité, il les entend
toujours. Il ne pense pas que le bruit des avions influe sur la santé.
En les voyant passer, il a souvent envie de partir loin en vacances,
dans les Antill ' es françaises par exemple. Du Concorde il dira :
« c'est notre horloge, 1lh20, il fait énormément de bruit, mais il
est magnifique ! Il fait vibrer les carreaux de la petite
avancée ». Travaillant bénévolement pour la mairie, il connaît le
Plan de gêne sonore, les aides à l'habitat... et il estime que
« si on avait tout ce qui est promis, ça serait intéressant
1 » La vraie solution, selon lui, c'est la réduction du bruit à la
source car l'isolation ne règle pas le problème des jardins.
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Iverny 02
Une
femme de 42 ans, mariée avec deux enfants, vivant dans une maison de
ville de six‑sept pièces « un peu biscornue », car issue de
la réunion de deux maisons plus petites. Elle travaille comme
secrétaire de mairie à Tremblay. Son mari est maître d'hôtel. Leur
niveau de revenus et de 24 KF. L'important pour elle, dans l'ordre, ce
sont les enfants, la famille, son mari, son travail. Ils ont choisi de
vivre là, pour la proximité de leur travail et les bonnes
communications, enfin pour le rapport qualité prix de l'endroit. Ce qui
fait problème pour elle que ce sont les avions, surtout depuis l'accord
sur la nouvelle piste : les problèmes d'environnement sont
importants. Le bruit des avions s'est accentué, surtout la nuit. Elle
trouve les charges locales et foncières très chères pour un tel
environnement. Cela ne semble pas sans rapport avec le fait
qu'auparavant elle vivait à Bagnolet en HLM, proche du périphérique, et
qu'elle entendait bien le bruit de cette circulation, dit‑elle. Depuis
deux ans qu'ils sont là, ils commencent à connaître un peu mieux les
voisins, surtout à travers les enfants. Ils reçoivent beaucoup de
visites, des amis s'installent eux aussi dans le coin. Mis à part les
avions, le seul inconvénient de leur nouvelle existence c'est le café
d'en face, un café à camionneurs... Elle dit retrouver ici quelque
chose de son enfance d'exilée espagnole à Montauban, la verdure, la
campagne. Depuis qu'ils vivent là, ils ne sont pas encore retournés au
cinéma. Concernant le bruit, elle dit que maintenant il y a beaucoup
plus de moteurs qu'autrefois, et davantage de bruit la nuit. Elle même
se trouve bruyante quand elle fait son ménage. Un bruit de tracteur tôt
le matin, ou la bétonnière d'un bricoleur du dimanche gâchent le
plaisir de la campagne, elle préfère encore les avions ! Les
avions ne sont gênants, en fait, que quand le vent est porteur
« il y a des jours où on ne les entend pas ». Mais les jours
de décollage on les entend très fort ; « le dimanche on les
entend même en continu, c'est ce qui dérange le plus ». Le soir,
parfois jusqu'à minuit, elle entend des avions ; les étés
davantage qu'à la mauvaise saison. Lors de la grève d'Air France ils se
sont aperçus que l'essentiel de la gêne, y compris la nuit, correspond
aux vols de cette compagnie. Le bruit influe sur la santé, il porte sur
les nerfs, il est stressant. Elle est plus sensible au bruit lors de la
rentrée de septembre, parce qu'elle a passé des vacances au calme.
Quand le bruit d'un avion est extrêmement fort, il lui est arrivé de
sortir dans la rue pour regarder ce qui se passe. Cela lui arrive aussi
lors des survols du Concorde, « parce qu'il est beau » ;
son bruit est très fort, mais il est très court.
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Iverny03
C'est
une femme de 33 ans, qui a deux enfants et habite une maison de ville
avec cour intérieure de cinq pièces, riveraine de la départementale 115
qui traverse lverny. Elle est comptable « dans une grande boîte à
Neuilly sur Seine », son mari est chauffeur, ils ont un niveau de
revenus de 20 KF. Il se joindra à nous en cours d'entretien. Le
problème principal chez eux ce sont les camions de betterave entre le
mois d'octobre et de décembre ; ensuite les avions. Mais il se
plaignent encore davantage du bruit des voisins « qui n'ont aucun
respect des normes de la communauté », car Roissy disent‑ils,
« on s'y habitue, ». Dans l'ensemble ils trouvent qu'il y a
davantage de bruit maintenant qu'il y a 7 ans, quand il se sont
installés. Les avions sont le plus gênants le soir, de 19h à 21 h., ils
font plus de bruit au décollage, ça empêche de dîner dehors ; on
les entend davantage quand il fait mauvais temps parce qu'il passent
plus bas. Ils sortent souvent à 11 hl 5 pour voir passer le Concorde.
Avec le bruit de la route ils ne sont dérangés par les avions qu'au
dehors de la maison, et surtout le week‑end car ils travaillent
ailleurs en semaine. lis ne croient pas que le bruit des avions influe
sur la santé, « sauf qu'il énerve beaucoup certains jours. »
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4.6 St Mard
Sigle
Zone/N° |
Type
Habitat |
Profession |
Sexe/Age |
N enfants |
Revenus du
ménage |
Style de
loisirs |
Poss / disp Rés. Sec. |
Indicateur BEP |
StMard01 |
HLM F2 |
instit |
F/28 ans |
sans |
15 kF |
sorties ds région |
non |
moyen |
StMard02 |
pav 6 p |
mère aiu foyer |
F/40 ans |
3 |
15 kF |
vac = famille |
possib |
moyen |
StMard03 |
pav 6 p |
techn. industr |
H/35 ans |
3 |
22 kF |
camping |
non |
moyen |
StMard04 |
pav 6 p |
enseignant |
F/34 ans |
3 |
22 kF |
camping |
non |
moyen |
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déclare
PbN°1 |
déclare
PbN°2 |
déclare
PbN°3 |
Att. env
aviation gal |
Att. env chgt
social |
Représentation actuelle la plus
prégnante |
Br avions |
Air, eau |
Civisme |
Positive |
Pos tr crit |
Br nat violente dérange |
Br avions |
Air, kéres |
Eau |
Positive |
Pos crit |
Déçuepar campagne |
Br avions |
air |
délinqu |
indiff |
Pos crit |
Vraiment gênésI |
Br aviom |
kérosène |
eau |
indiff |
Pos crit |
En été, plein les oreill |
|
|
|
|
StMard01
L'interviewée
est une femme de 28 ans, sans enfants, qui vit maritalement. Elle est
institutrice à 12 krn de là ; son compagnon est ingénieur
informaticien ; leurs revenus globaux sont de l'ordre de 15 KF.
L'important pour elle c'est le bonheur, la santé. L'endroit où elle
habite est très clair, très vert, avec des grandes fenêtres. Elle y
trouve une grande qualité de vie par comparaison avec son ancien
quartier dans le 93, quartier calme mais purement urbain. Le bruit des
avions constitue le seul aspect négatif du quartier : la pureté de
l'eau est satisfaisante, l'eau a bon goût. L'air, pour sa part, est
meilleur qu'à Paris. Mais l'environnement devient très vite stressant
quand il fait beau ' et qu'il passe 5 avions en 15 minutes. Elle
prétend ne pas avoir besoin de passer des week‑ends à la campagne ‑ Dur
échapper au bruit des avions. Pour ses vacances, elle préfère aller à
la mer ; cependant le bruit du vent ou de la tempête la
dérange : le bruit en général a pour elle une très grande
importance. Elle trouve qu'il y a maintenant beaucoup plus de bruit
qu'autrefois : bruits de transports, mais également les médias, la
télé, la radio. Les avions sont très gênants le soir à partir de 19h30
ou 20h00, mais elles ne les entend pas pendant la nuit. Elle ne perçoit
pas de différences entre les atterrissages et les décollages, son ami
par contre les perçoit. A l'école où elle travaille on a du interrompre
un match de football avec des élèves à cause du passage du Concorde,
qu'elle trouve très beau mais extrêmement bruyant. Les avions à hélice
dérangent moins à son domicile mais à d'autres endroits il sont
terribles, de même que les avions militaires quand il y en a.
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StMard02
L'interviewée
est une femme de 40 ans mariée et mère de trois enfants ; elle est
mère au foyer. Elle habite un pavillon de 6 pièces avec jardin de 700
M2. Son mari est ingénieur technico‑commercial ; ils ont un niveau
de revenus de 15 KF. Ils habitent l'endroit depuis 6 ans, mais
n'étaient pas du tout de la région : ils viennent de Tours, le
mari a accepté une mutation sur Paris et ils ont voulu éviter la ville
et la banlieue en s'établissant à St Mard. Ce qui fait problème dans
leur existence c'est qu'ils sont déçus du choix qu'ils ont fait de la
campagne : ils trouvent finalement qu'il y a autant de problèmes
que dans la grande ville, qu'ils connaissent très bien ayant vécu au
centre ville de Tours et également au centre ville de Lyon. Cela en
dehors même des problèmes d'environnement, qui dans l'ordre sont :
le bruit, l'eau qu'ils sont obligés de boire en bouteille, les odeurs
de kérosène, et les voisins bruyants. « Les avions, au moins, on
s'y attendait ». Ils rêvent désormais d'une grande maison, sur un
grand terrain, très isolée. Ils retournent souvent chez sa sœur, ou ses
beaux‑parents, dans la banlieue lyonnaise où ils n'entendent plus
d'avions. Ils aiment les vacances en forêt ou au bord de la
mer ; à la campagne des bruits de tracteurs ne les dérangent
pas : « c'est comme le chant du coq ». Le bruit les
dérange beaucoup, ils ont l'impression que « c'est toujours quand
ça pourrait être calme » qu'il y en a le plus, et que les gens,
décidément, aiment faire du bruit. Les avions également semblent, ces
derniers temps, avoir décidé de survoler précisément leur pavillon. Le
Concorde, par exemple, quand il garde sa route normale ne pose aucun
problème, « mais quand il me survole ça fait gling gling dans la
vitrine et ça vibre longtemps ». Elle sort pour le regarder. Les
petits avions à hélice ne la dérangent pas, elle a vécu près d'un
aéroclub à Lyon. Les gros peuvent être dérangeants à cause de
l'heure : « ça réveille ».
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StMard03
Il
s'agit d'un couple (34 et 35 ans), elle est enseignante à 8 km de là,
et lui est dans l'automation industrielle à Marne la Vallée ; ils
ont trois enfants. Ils vivent là depuis 1990, dans un pavillon de 6
pièces, dont le jardin fait 900 M2. Leur niveau de revenus et de
l'ordre de 23 KF. Ce qui est important pour eux, c'est de vivre là où
les enfants se sentent le mieux. Les principaux problèmes sont le bruit
des avions, la pollution de l'air (la table de jardin est noire à cause
du kérosène), ainsi que l'eau qui est très calcaire. Le problème se
pose avec plus d'acuité à la belle saison, par rapport à l'utilisation
du jardin : « C'est en plein été qu'on est vraiment
gênés ! On en prend plein les oreilles ! » Pendant ses
deux mois de vacances en tant qu'enseignante, elle est forcée d'établir
son emploi du temps par rapport aux avions en profitant de leurs heures
creuses. Ils ont choisi leur pavillon pour se rapprocher du village de
St Mard, « il y a davantage de vie urbaine » qu'à Thieux où
ils vivaient auparavant. Le voisinage leur paraît convivial, il y a eu
beaucoup de bricolage au départ, et beaucoup d'entraide entre voisins.
Ils font partie d'une association antibruit, ils militent pour
l'environnement en général. Ils n'ont pas de maison de campagne, et
font du camping en vacances pour être plus près de la nature. Ils
supportent bien tous les bruits naturels, les engins agricoles ne les
réveillent pas. Ils pensent qu'il y a maintenant plus de bruit
qu'autrefois, car « si le projet de la cinquième piste été
abandonnée d'autres ont été construites » : si on parle de
bruit, il ne peut s'agir dans leur esprit que de bruit d'avions. Les
avions les dérangent le plus à leur retour du travail, dans le jardin,
de 11 h30 à 14 heures, et de 18 heures à 21 heures. Les décollages
« on les entend depuis la salle à manger ». Ils sortent
parfois pour regarder certains avions, surtout le Concorde, qui
« parfois passe à 21 heures ! On le regarde toujours, il est
le plus bruyant ». Ils constatent, toutefois, qu'il existe une
habituation relative car des amis en visite chez eux sont surpris par
le bruit de certains avions qu'eux‑mêmes n'entendent plus. L'influence
sur la santé porte sur l'énervement. Les avions à hélice ne sont
gênants que sur le Bourget. Une solution sont les procédures d'envol,
« l'A‑320, il décolle avec un angle beaucoup plus raide, on les
entend beaucoup moins. »
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4.7 Montmorency
Sigle
Zone/N° |
Type
Habitat |
Profession |
Sexe/Age |
N enfants |
Revenus du
ménage |
Style de
loisirs |
Poss / disp Rés. Sec. |
Indicateur BEP |
Montmor01 |
HLM F4 |
agent éduc. |
F/64 ans |
3 |
15 kF |
sorties ds région |
non |
moyen |
Montmor02 |
mm standing 4p |
affaires div. |
H/37 ans |
2 |
30 kF |
Corrèze |
oui |
positif |
Montmor03 |
mm studio |
prof. des écoles |
H/28 ans |
sans |
15 kF |
montagne |
oui |
positif |
|
|
|
|
|
|
|
|
déclare
PbN°1 |
déclare
PbN°2 |
déclare
PbN°3 |
Att. env
aviation gal |
Att. env chgt
social |
Représentation actuelle la plus
prégnante |
Dégradat |
Bandes |
eau |
indiff |
négat,sécu |
Par moments avions=pb |
Civisme |
Bruit avions |
poll envir |
positif |
négat, chôm |
Vraie vie = Corrèze |
Br avions |
Civisme |
|
négatif |
mitigé |
survols école Gonesse |
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Montmor01
Femme
de 46 ans mariée, mère de trois enfants. Elle est agent d'éducation,
son mari ouvrier électricien. Ils gagnent 15 KF. lis vivent dans un F4
en HLM, où ou il se plaignent des dégradations depuis un an maintenant,
du fait « de bandes venues des autres banlieues ».
L'important pour eux, avant tout, c'est la propreté. Le bruit n'est pas
mentionné comment problème d'environnement, « ici, c'est calme, le
bâtiment B est calme... » C'est la pureté de l'eau qui pose
problème, ils boivent de l'eau minérale. Le thème du bruit apparaît à
propos du travail : son travail dans des cantines scolaires est
bruyant. Les voisins également sont bruyants, ils la réveillent la nuit
(fêtes), ils bricolent parfois tard le soir (perceuses). Concernant le
bruit des avions elle dira « par moments c'est un problème ».
À la belle saison, avec les départs en vacances, elle les entend à
partir de 5 heures du matin. Voir les avions depuis chez elle
« n'est pas évident ». Elle ignore sa distance à Roissy. Le
bruit des avions n'a pas changé. Il n'influe pas sur sa santé, mais
peut‑être chez d'autres personnes au niveau de l'audition. Elle ne voit
aucune différence entre les avions, même entre le Concorde et les
autres.
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Montmor02
Homme
de 37 ans, vivant maritalement, deux enfants. Habite un quatre pièces
dans un immeuble classique. Il gère une auto‑école ; son amie est
responsable commerciale, ils ont un niveau de revenus d'environ 30 KF.
L'important, pour lui, c'est la qualité de vie, et le rôle
social : « trouver sa place, socialement. » Il a choisi
de vivre sur les hauteurs de Montmorency, au bord de la forêt, retiré
du centre : « c'est ‑ rel ati vement agréable », mais
son vrai terroir est dans sa Corrèze natale. Auparavant il habitait à
Soisy, qu'il a quitté à cause du projet BIP (autoroute urbaine). Le
problème pour lui c'est le manque de temps, il a plusieurs activités,
dont sa militance pour les Verts. L'environnement prend la première
place dans ses préoccupations, une place nationale. Il précise qu'il ne
vote plus ici, mais en Corrèze. Les problèmes d'environnement vont du
manque de civisme individuel, tel que les bouteilles
jetées en forêt, jusqu'au nucléaire et à la politique de
l'environnement au plus haut niveau. À la campagne il aime le calme
mais aussi les orages. Les engins agricoles, cependant, polluent l'air.
A Montmorency, le bruit est un problème important sur le haut de la
colline où se situe son immeuble : il reçoit le bruit des avions
de plein fouet, et se demande s'ils respectent bien les hauteurs de su
rvol réglementaire. Il trouve les avions plutôt gênants à
l'atterrissage, selon lui leur bruit n'a pas sensiblement changé. Il
pense que les avions ont une influence sur la santé. Le Concorde passe
tous les jours à 11 hl 5, « Il est très bruyant, mais il est beau,
est c'est une réalisation, un patrimoine ». Il ne voit comme
solution que de déménager les aéroports, mais refuse l'idée d'un grand
aéroport pour les futurs supersoniques en Corrèze.
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Montmor03
Homme
de 28 ans, célibataire, habitant un studio, « professeur des
écoles » sur Gonesse, gagnant 15 KF. L'important pour lui
« c'est de vivre bien ». Il mène la vie normale d'un jeune de
son âge ; il est sportif et fait du VTT et du jogging. Ses parents
étaient ouvriers, et il a « réussi pas mal d'études ». Rien
ne fait problème dans son existence actuellement. Mais, concernant
l'environnement, il déclare que les avions posent problème. Le problème
du bruit se pose pour lui surtout dans son travail à l'école, « on
est obligé de vivre avec ». Même le parquet, dit‑il, y est
bruyant. Le bruit en général augmente parce qu'il y a de plus en plus
de moteurs, et « parce que les gens ne se rendent pas compte du
bruit qu'ils font, ils vivent dans le bruit ». Lui‑même, les
éboueurs le réveillent la nuit. Mais c'est le bruit des avions qui
constitue le « gros point noir ». Les avions commencent tôt
le matin vers 5 ou 6 heures, les différences entre décollages et
atterrissages sont « flagrantes ». Il n'a pas besoin de
sortir dehors pour les voir, ils passent souvent très bas au‑dessus de
son immeuble (le même immeuble que l'interview précédent). Il pense que
le bruit des avions à une influence sur la santé, notamment « les
états dépressifs à Goussainville » et sur les écoliers de son
établissement à Gonesse, où « les conditions sont
terribles » ; cette école est obligée de fermer lors de la
tenue des salons du Bourget. Le Concorde passe assez haut chez lui,
mais il sait qu'à Gonesse il est terriblement bruyant. Il connaît bien
les différents avions, « a force de les voir » et trouve
qu'en ce moment il y a beaucoup d'avions à hélice. La solution selon
lui est dans la technologie des réacteurs.
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4.8 Sannois
Sigle
Zone/N° |
Type
Habitat |
Profession |
Sexe/Age |
N enfants |
Revenus du
ménage |
Style de
loisirs |
Poss / disp Rés. Sec. |
Indicateur BEP |
Sannois01 |
imm. stand. 5p |
au foyer |
F/66 ans |
3 |
22 kF |
de tout |
oui |
moyen |
Sannois02 |
pavillon 7p |
empl. banque |
H/50 ans |
2 |
55 kF |
mer, montagne |
frère |
positif |
|
|
|
|
|
|
|
|
déclare
PbN°1 |
déclare
Pb°2 |
déclare
PbN°3 |
Att. env
aviation gal |
Att. env chgt
social |
Représentation actuelle la plus
prégnante |
Br avions |
Br circulat |
eau calcair |
Cr accid |
mitigée |
imm = sécurité (av Pav |
sécurité |
urbanisat |
Br avions |
Positif |
Pos crit |
procéd vol non respect |
|
|
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Sannois01
L'interviewée
est une retraitée de 66 ans, mariée et mère de trois enfants. Elle
habite un immeuble du centre ville de Sannois, un appartement de cinq
pièces. Son mari était courtier, leur niveau de revenus est de 20 KF.
Ce qui fait problème pour elle c'est d'abord le bruit, ensuite l'eau
trop calcaire. Ils ont été les premiers habitants de cet immeuble
moderne du centre ville, dans lequel ils se sont repliés pour être plus
en sécurité, après plusieurs cambriolages de leur pavillon. Elle ne
reconnaît pas du tout le Sannois de son enfance, où les enfants
pouvaient jouer dehors en toute sécurité ; elle préfère la vie
d'autrefois. Ils partent le plus souvent possible dans leur maison de
campagne « pour décompresser de la vie urbaine », mais la
base d'Evreux en est proche. Les activités agricoles à la campagne
« ne sont pas agréables ». Le bruit est très important
par rapport aux autres problèmes, car il y en a de plus en plus :
la circulation et les avions en premier lieu, mais également les jeunes
qui rôdent en bandes la nuit au centre ville, « et font des fêtes
impossibles ». Son appartement se trouve donc cerné par le bruit
de toutes parts : dans la rue devant chez elle il y a la
circulation le jour et les bandes de jeunes la nuit, sur la façade
derrière il y a le bruit des avions que l'on entend très bien, et pour
comble de malheur son voisin de dessus possède un petit Yorkshire, aux
aboiements fréquents duquel réplique instantanément celui de son voisin
de dessous (un Yorkshire également) !
En ce qui concerne le bruit des avions, il pose problème tous les
matins, côté chambre. La vallée de Montmorency résonne, répercute les
bruits des avions. Elle ne perçoit pas de différences entre les
décollages et les atterrissages, mais les voit très bien de chez
elle ; elle va les voir à sa fenêtre quant ils font trop de bruit.
Le bruit des avions a changé, elle a l'impressi ' on qu'il y en avait
moins autrefois, ou bien qu'ils passaient ailleurs. Il lui arrive de ne
pas les entendre quand on passe l'aspirateur. Lorsque le Concorde
passe, elle pense à sa fille qui habite exactement sous sa trajectoire.
Les aéroclubs, les avions à hélice, les hélicoptères ne les dérangent
qu'à la campagne, près d'Evreux : « nous avons de tout, même
des ULM, et puis les préparatifs du défilé aérien du 14
juillet ! » Elle préfère finalement ne pas apprendre à
piloter car elle aurait trop peur des lignes à haute tension en volant
à basse altitude...
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Sannois02
L'interviewé
est un homme de 50 ans, marié et père de 3 enfants. Il est cadre
supérieur dans la banque, sa femme est chirurgien dentiste en libéral.
Ils habitent un grand pavillon cossu de 7p. avec un jardin de 800M2.
Leur niveau de revenu est de 50‑60 KIF. L'important pour lui c'est un
bon environnement, ils sont des parisiens venus s'installer en banlieue
précisément pour le trouver. Il ne se plaint d'aucun petit problème
« seulement de grands : la sécurité et l'urbanisation, la
tendance à densifier ». Il participe à l'association de quartier
qui regroupe 8000 habitants ; ils ont obtenu une barrière pour se
couper du centre de Sannois, et depuis ils se sentent tout à fait au
calme. Il ne fréquente plus la maison de campagne de ses parents, qu'il
laisse désormais à ses frères. À la campagne, les activités agricoles
ne le dérangent pas. Les bruits, pour lui, c'est « le bruit des
avions à certaines périodes. » Depuis quinze ans qu'il vit là, il
n'a pas noté de différences dans le bruit ; il perçoit celles
entre Sannois et Paris, et le fait de devoir boire de l'eau en
bouteille. Mais il a un voisin hypersensible, deux ou trois maisons
plus loin, qui se plaint du moindre bruit, « sans doute un cas
psychologique ». Concernant le bruit des avions, ils ne
dérangent que par vent d'Est, mais il redoute l'extension des pistes de
Roissy et une modification des trajectoires d'envol. il ne perçoit pas
de différence entre les décollages et les atterrissages et il n'a pas
d'odeur de kérosène. Il est assez sensible au bruit, personnellement,
il entend aussi bien les avions que le RER ou l'autoroute 115. Il
entend bien le Concorde, mais il ne s'en plaint pas car c'est deux fois
par jour seulement. Il n'est pas certain que les avions respectent les
plans de vol, les altitudes etc.
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4.9 Le Mesnil Amelot
Sigle
Zone/N° |
Type
Habitat |
Profession |
Sexe/Age |
N enfants |
Revenus du
ménage |
Style de
loisirs |
Poss / disp Rés. Sec. |
Indicateur BEP |
LMnilAm01 |
immeuble, studio |
cadre admin |
F/48 ans |
2 |
22 kF |
Corse |
oui, pour retraite |
positif |
LMnilAm02 |
maison de ville, 4p |
mécano |
H/28 ans |
1 |
14 kF |
caravane |
bx parents |
moyen |
|
|
|
|
|
|
|
|
déclare
PbN°1 |
déclare
PbN°2 |
déclare
PbN°3 |
Att. env
aviation gal |
Att. env chgt
social |
Représentation actuelle la plus
prégnante |
Br mobylet |
camions, bus |
tracteurs |
Très positive |
nég, repli |
les gens ont peur du silence |
Air (asthme) |
Br avions |
camions |
les débuts |
nég, suicidaire |
Ils déboisent l'Amazonie |
|
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LeMesnAm01
L'interviewée
est une femme de 48 ans, mariée et mère de deux enfants. Ils habitent
provisoirement en attente de résoudre un conflit juridique concernant
la livraison de leur nouvelle maison en Corse. Elle est cadre
administratif en mairie, le mari est mécanicien d'Air France sur
moteurs à réaction. Leur niveau de revenus et de 22 KF. L'important
pour elle c'est l'environnement, c'est la raison pour laquelle ils ont
fait construire à une maison en Corse, sa région d'origine (elle a vécu
jusqu'à 8 ans près de la base aérienne de Ghisonaccia). Malheureusement
l'entrepreneur ayant fait faillite, il y a des difficultés matérielles
pour récupérer cette nouvelle maison, alors même que leur pavillon à
Vemars était déjà vendu. Ce problème n'est cependant pas grand‑chose en
comparaison de son problème de santé : suite à une transfusion
douteuse il y a dix ans, elle souffre d'une maladie grave dont elle ne
veut pas dire le nom, mais dont le pronostic est inquiétant. Elle y
fait face courageusement, « sans Prozac ». Elle occupe son
temps à maîtriser l'informatique, les modems, et le tricot ! Elle
aime bien la mer, la plage en décembre. A la campagne les activités
agricoles la dérangent. Le bruit est quelque chose d'intolérable,
« sauf les avions » ! Elle trouve que « les
mobylettes donnent envie de tuer ». La gêne dépend de la
musicalité des bruits : le son des cloches est supportable, les
autobus de la déviation actuellement devant chez elle ne le sont pas.
Il lui est souvent arrivé d'appeler la police à cause des voisins
bruyants. Concernant le bruit des avions elle dira tout d'abord
« que ça, de la dérange pas », surtout les essais de moteurs
qui signifient pour elle que son mari fait son travail ; mais un
peu plus tard elle explique que les décollages sont vraiment gênants...
Elle ne connaît pas la différence des bruits entre les différents
avions, chose qu'elle a délégué à son mari. Elle pense que l'on arrive
à éliminer le fait de les entendre, mais le bruit des avions a une
influence sur sa santé, dit‑elle, il provoque un choc physique, une
montée d'adrénaline. Le Concorde est très beau, il est très bruyant
mais il monte très vite.
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LeMesAm02
L'interviewé
est un homme de 28 ans, vivant maritalement, père d'un enfant. Il
travaille comme mécanicien chez Citroën à Aulnay, sa femme est
secrétaire. Leur niveau de revenus est de 14 KF. Ils habitent une
maison de ville de quatre pièces, dans laquelle il faudrait 80 KF de
travaux d'isolation pour le salon, et 40 KF pour la cuisine.
L'important pour lui est de mieux respirer, dit‑il : il y a trop
de pollution, trop de déforestation, en Amazonie il y a eu des
milliards d'hectares de forêt coupée. Il ne fait pas confiance à l'eau
du robinet, il boit de l'eau en bouteille. Il est asthmatique, il est
soigné par désensibilisation ; il attribue son asthme aux gaz des
avions, aux fortes chaleurs, aux pics de pollution. Les problèmes
d'environnement sont extrêmement importants pour lui, la pureté de
l'air en premier lieu, en second l'état des routes pour les rendre plus
fluides, en dernier la crainte des chutes d'avions. Il est né ici même,
ses parents habitaient cinq cents mètres plus loin ; c'est la vie
de village. Il dira curieusement ne pas avoir de temps libre, ses
activités de loisirs l'absorbant entièrement... Une fois par mois ils
vont du côté de Péronne, dans la maison de ses beaux‑parents, pour se
déstresser car ils n'ont pas de bruit d'avions. À la campagne, il n'a
jamais entendu des bruits agricoles. Le bruit des avions est
« gênant l'été pour le barbecue : un avion toutes les cinq
secondes », il provoque des fissures dans la maison, des
vibrations du sol, « et ils construisent deux nouvelles
pistes ». Il faudrait mettre en place le
« contre‑bruit » au décollage, dont il a lu la description
dans un article de la revue de l'ADP distribuée gratuitement dans la
région. Il met parfois la musique à fond, chez lui ou dans sa voiture,
« ça fait écran ». Parfois ce sont les voisins qui sont
gênants, avec leur escalier en bois, quand la petite dort. Gênants
également, les camions qui font du travail de nuit. Concernant les
avions plus particulièrement, le plus gênant ce sont les pics de
décollages vers 10, 11 heures jusqu'à 15 heures et le soir à partir de
22 heures jusqu'à une heure du matin. Il ne sort jamais de chez lui
pour voir passer un avion, « ça fait vingt ans que je les
vois ! Sauf le Concorde, mais celui‑là passe vite ! » Le
bruit des avions a changé, la Caravelle a disparu, « elle mettait
longtemps à passer ». Il lui arrive de ne plus entendre les
avions, « mais seulement les tout petits ». Il n'est pas
certain que le bruit des avions ait une influence sur sa santé,
« mais ça rend nerveux, ça stresse ». Une solution, d'après
lui, serait de reverser correctement les fonds collectés contre le
bruit, et réservés aux accédants d'avant 1978.
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4.10 Le Mesnil Aubry
Sigle
Zone/N° |
Type
Habitat |
Profession |
Sexe/Age |
N enfants |
Revenus du
ménage |
Style de
loisirs |
Poss / disp Rés. Sec. |
Indicateur BEP |
LMnilAub01 |
mais.ville 5p |
cadre technique |
H/52ans |
3 |
19kf |
montagne |
non |
positif |
LMnilAub02 |
villa 6p |
mère famille |
F/37 ans |
6 |
14 kf |
montagne |
non |
moyen |
|
|
|
|
|
|
|
|
déclare PbN°1 |
déclare PbN°2 |
déclare PbN°3 |
Att. env aviation en général
|
Att. env le chgt
social |
Représentation actuelle la plus
prégnante |
Bruit des avions |
voisins |
|
Très positif |
négatif, insécurité |
Président de nombreuses associations |
Bruit des avions |
Air (kérosène) |
eau calcaire |
Positif |
nég, repli |
Gêne au
retour de vacances ds les Vosges |
|
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LeMesnAub01
L'interviewée
est une femme de 37 ans, mariée et mère de six enfants. Elle habite une
maison de ville de 6 pièces, dans la rue centrale du village. Son mari
est chauffeur agricole. Leur niveau de revenus est de 14 KF. Ce qui est
important pour elle c'est une bonne vie à la campagne. Mais il y a les
avions de Roissy, à 5 kilomètres à vol d'oiseau. Elle ne voit aucun
autre problème dans son existence, sauf des allergies. Les problèmes
d'environnement sont dans l'ordre : le bruit, l'air, et l'eau qui
est très calcaire. Le kérosène se dépose sur les vitres. Mais les pots
d'échappement des voitures des clients de la boulangerie d'en face sont
encore pire. C'est la vraie vie de village, ils connaissent tout le
monde, le curé, etc.. lis sont en froid avec les boulangers : leur
caravane garée devant chez eux gêne la boulangerie. La nuit à la
campagne ils ne sont gênés que par les camions de betteraves. Le bruit
est une préoccupation importante, elle trouve qu'il y a de plus en plus
d'avions, de circulation, etc. Le meuglement des vaches lui manque. Le
bruit des avions est le plus pénible en rentrant de vacances, à cause
du calme dans les Vosges. Il passe un avion toutes les quarante
secondes le soir entre 1 8h30 et 21 h30. Selon le vent ils passent très
bas au‑dessus de chez elle au décollage, elle n'entend jamais
d'atterrissage. Parfois, ils sortent voir passer le Concorde
« parce qu'il est très beau ! » Depuis neuf ans qu'ils
sont là, elle ne trouve pas que le bruit des avions ait changé. Il
influe sur la santé, il provoque des acouphènes. Aux débuts de sa vie
de couple elle entendait les avions de la base militaire de
Meyenheim : ici, c'est pire ! Elle ne pense pas que l'on
puisse faire grand‑chose.
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LeMesnAub02
L'interviewé
est un homme de 52 ans, marié, père de trois enfants. Il habite un
pavillon de cinq pièces, avec un jardin de 700M2. Il est surveillant de
travaux à la DDE, sa femme est chef de service d'une société d'intérim.
Leur niveau de revenus et de 19 KF. L'important pour lui c'est le bruit
de l'aéroport, la décharge de l'AREPP, l'autoroute, la RN 16. Également
l'apparition de l'insécurité dans les petites communes. Récemment son
barbecue a été volé, ainsi que le stock du voisin. Il est président de
l'association du lotissement de douze lots. Il constate un renfermement
croissant, une perte de convivialité depuis 1981. Dans son enfance, il
a connu Villeneuve‑Saint‑Georges vers 1950 et n'a pas gardé de souvenir
des avions. L'aviation est une des grandes épopées de notre
époque ; son père était un ami de l'as de la chasse Clostermann.
Dans la nature il aime aussi bien le calme que le torrent où l'orage.
Il a du mai à s'imaginer « à la campagne », et il répond à la
question sur les engins agricoles qu'un tracteur à 5h du matin ne le
gène pas : « on ne les entend pas, les avions les
couvrent ». C'est le vent d'Est qui apporte le bruit, le vent
d'Ouest le diminue. Le temps cotonneux et le brouillard diminuent
également le bruit. Les différences sont très nettes entre décollages
et atterrissages. « Aux décollages, parfois, leurs ailes sont
remontées tellement ils sont chargés ». Non seulement il les voit
de chez lui, mais il pense même que les pilotes utilisent son pavillon
à lui comme balise pour tenir leur cap lorsqu'ils décollent : ils
passent tous au‑dessus de chez lui ! Le bruit des avions à changé
pour certains modèles, il reconnaît les Airbus. Il est certain que le
bruit des avions influe sur la santé. Il connaît le système Sonate, etc.
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