Manuel Periáñez________________________________________manuelperianez1940@gmail.com |
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Sciences humaines :
mes orientations méthodologiques (2010)
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Entre
1969 et 2010, mon approche méthodologique des enquêtes et recherches en
sciences humaines a beaucoup plus changé que mes orientations en tant
que psychanalyste. Voici
les positions sur lesquelles je campe désormais :
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Lors
de mes études en Sorbonne j'ai été impressionné par la lucidité
rationaliste de Raymond Aron. Mais, venant de l'architecture, j'ai fait
une Maîtrise de sociologie urbaine, et j'ai aussitôt commencé à
travailler comme sociologue en 1969. J'ai d'abord réalisé une enquête
tout à fait classique auprès de 1500 malades hospitalisés dans les
hôpitaux de l'Assistance Publique de Paris ; il s'agissait d'une
enquête par questionnaire fermé, dont les résultats étaient exploités
grâce à des analyses factorielles des correspondances (AFC). Mon
premier travail intéressant a consisté à suivre l'expérience de
logements évolutifs à Montereau-Surville, un immeuble évolutif conçu
par les architectes Xavier Arsène-Henri et Bernard Schoeller. Il
s'agissait d'accompagner 49 familles dans la conception du plan de leur
appartement, grâce à un système de cloisons préfabriquées déplaçables à
volonté. Ce travail s'avéra déjà beaucoup plus psychologique que
sociologique: on pouvait lire les problématiques familiales directement
sur le plan de logement qu'elles dessinaient. Et l'architecte, en
corrigeant les erreurs souvent graves des familles, intervenait,
souvent de façon thérapeutique, dans ces problématiques...
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1971, Les logements à plan adaptable de Montereau-Surville, Laboratoire d'Anthropologie Appliquée, 2 vol. |
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À
partir de 1972, je venais de terminer ma première psychanalyse, et j'ai
travaillé au sein d'une équipe de psychosociologues de tendance
psychanalytique, la CEP dirigée par Jacqueline Palmade. La méthodologie
de cette équipe était très raffinée. Des enquêtes qualitatives
exploraient systématiquement les principales facettes de la vie des
interviewés, avant de passer aux questions-cible de l'enquête : il
s'agissait d'entretien dits « focalisés ». Ces entretiens étaient
d'ailleurs précédés de planches de tests projectifs inspirés le plus
souvent du TAT (Thematic Apperception Test) de Murray. Ces tests
projectifs, que nous élaborions nous-mêmes, commençaient toujours par
une demi-douzaine de vraies planches du TAT, et se poursuivaient
ensuite par des planches que nous concevions dans le même style, mais
en rapport plus direct avec l'objet de la recherche.
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En 1975, pour une des premières recherches sur les significations du
monde sonore,
nous avons préféré éviter les images et rester dans le sonore en
faisant précéder les entretiens qualitatifs par un test de phrases à
compléter, également très classique (G. Devereux, par exemple, l'avait
utilisé aux USA pour son « Indien des Plaines »).
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1975, Les significations de la gêne attribuée aux bruits dans l'habiter, (avec Fl. Desbons), CEP.
1977, La sensibilité spécifique aux bruits dans les pavillons en bande, CSTB. |
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Les discussions de cette époque concernant la gêne attribuée aux bruits débouchèrent sur une interrogation, de la part d'acousticiens du CSTB-Grenoble, concernant l'interaction du sonore et du visuel. La question posée aux tenants des sciences humaines était de tirer au clair si les habitants d'une grande ville, aux ambiances sonores très variées selon les différents quartiers et les différents parcours urbains, étaient capables ou non, en situation de laboratoire, d'établir de façon significative un lien entre la vue des photos et l'écoute des enregistrements sonores de ces quartiers. Un dispositif fut mis en place : une douzaine de photos munies d'un bouton permettant aux personnes participant à cette enquête de les sélectionner (ou non) lors de l'écoute, en ordre aléatoire, de tous les enregistrements correspondant aux sites urbains de ces photos. Les résultats furent statistiquement significatifs : dans un grand nombre de cas les personnes font le lien entre un paysage sonore et un paysage urbain ! Cette recherche me donna l'idée d'utiliser des bandes dessinées pour tenter d'explorer l'imaginaire sonore, ou le paysage sonore interne. L'idée centrale, contrairement à la précédente, étant ici de demander aux personnes d'imaginer les ambiances sonores accompagnant les diverses situations d'une histoire en bandes dessinées (les bruits choisis par le dessinateur étant préalablement effacés). L'article tiré de cette recherche est en ligne sur ce site : Le paysage sonore interne. |
1980, Itinéraires et ambiances sonores, CSTB (avec D. Weiller et A. Blanchet
1981, Testologie du paysage sonore interne (utilisation de la B.D.), CSTB |
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Plus tard, vers 1984, j'ai élaboré un jeu d'images pour une recherche sur la perception de l'architecture par le grand public : la recherche APM, « architecture, psychanalyse, morphologie » (non encore en ligne). Ce jeu de cartes en 173 images donna des résultats étonnants : des gens sans aucune culture architecturale préalable reconnaissaient la qualité architecturale d'une vingtaine de grands chefs-d'oeuvre de l'histoire de l'architecture moderne, cachés parmi des dizaines d'images de réalisations courantes et banales. D'autres recherches, depuis, ont été étayées par des jeux d'une trentaine d'images. Quinze ans plus tard, la technique ayant évolué, j'ai pu utiliser un jeu d'images sur CD-ROM comprenant plus de 4000 images, dans une recherche similaire, mais portant cette fois sur le vécu de l'architecture d'habitants de trois grandes villes européennes, Amsterdam, Paris et Venise. Un article en ligne résume cette recherche : la mia archittetura... |
1985, Le jeu-test APM : Architecture, Psychanalyse, Morphologie, CSTB (avec I. Marghieri, P. Sechet)
2005, Désir, plaisir et conventions d’architecture : perceptions à Amsterdam, Paris et Venise, ARIISE, juin, 135p. |